Les libraires ont eu le dernier mot
Malgré les restrictions en vigueur pour quatre semaines dans les Alpes-Maritimes, leurs commerces peuvent rester ouverts
« On va fonctionner absolument normalement, du lundi au samedi, de 10 h à 19 h, dit en souriant Bastien Prenat, qui travaille à la libraire Masséna, à Nice. Depuis les annonces, on reçoit beaucoup d’appels pour savoir si on reste ouvert. On est très content de pouvoir répondre oui. » Jeudi, le Premier ministre a précisé que les commerces « essentiels » incluaient les libraires et les disquaires. Les habitants des 16 départements, dont les Alpes-Maritimes, concernés par un reconfinement de quatre semaines, pourront donc aller acheter leurs livres normalement, le couvre-feu étant effectif à partir de 19 h. « Une victoire », pour la librairie Autour d’un livre, à Cannes. « On va pouvoir travailler en toute légalité », se réjouit Florence Kammermann. Cette libraire cannoise était en « résistance » en novembre et « avait manqué de peu » la fermeture administrative en gardant son commerce ouvert malgré le deuxième confinement.
Après le discours de Jean Castex, elle souffle : « Je ne me suis pas battue pour rien. Le gouvernement montre que le combat était légitime et justifié. » Elle émet tout de même quelques réserves : « On a beaucoup de projets qui tombent à l’eau, comme les dédicaces et les conférences. On continue de subir. On va quand même avoir une baisse de fréquentation, parce qu’on fonctionne avec les autres commerces. S’ils sont fermés, il va y avoir une désertification des villes et ce sera l’effet domino. C’est important de rester solidaires. » Ces interrogations, Betty Eslapez, gérante de la librairie Jean Jaurès, à Nice, les partage. « Pour le moment, on ne va rien changer et on verra comment ça évolue. Avec les trois derniers week-ends confinés, on a perdu nos plus grosses journées. » Ce qu’elle retient surtout, c’est que « les libraires ont eu gain de cause » et que « le livre est enfin reconnu comme un bien essentiel ».
De l’autre côté de la promenade du Paillon, dans la librairie Masséna, Bastien Prenat est ravi. « Il y a un vrai regain pour le livre. On est là pour les gens et on sent qu’ils en ont besoin. C’est une manière pour eux de s’instruire, de voyager. On est leur dernier moyen de se cultiver. Alors, il y a eu peut-être un petit phénomène où des clients ont voulu stocker avant d’être confinés. Ce qui explique qu’on a la tête dans le guidon. C’est comme ça depuis le premier déconfinement. » Pour Estelle Barla, étudiante en géographie, c’était « essentiel que les librairies restent ouvertes ». « J’ai eu peur, avec les annonces, alors je me suis dit que c’était le moment d’aller récupérer mes livres, témoigne-t-elle. Je suis soulagée de pouvoir soutenir les libraires locaux. »
«On est là pour les gens et on sent qu’ils en ont besoin.» Bastien Prenat, libraire à Nice