Le micro des arbitres fait plus que jamais parler
Les officiels sont dotés de micro, mais leurs propos, parfois sujets à polémiques, ne sont pas rendus publics
Les accusations de Verratti et Herrera envers l’arbitre de City-PSG, qui les aurait insultés lors de la demi-finale retour de Ligue des champions, ravivent le débat de l’ouverture des micros des hommes en noir aux téléspectateurs. Pour l’ancien arbitre Tony Chapron, dans ce cas précis, la question ne se pose pas car, avec le VAR, toutes les conversations des arbitres entre eux –ou avec les joueurs– sont enregistrées. Mais l’UEFA, instance dirigeante du football, n’a pas ouvert d’enquête après City-PSG. Alors, pourquoi ce silence?
«Le micro est une manière de s’ouvrir au monde extérieur.» Bertrand Layec, ancien arbitre
Souvent pris en exemple sur ce sujet puisque pionnier, le rugby n’a, à ce jour, rien trouvé à redire sur cette évolution. «Il n’y a pas eu de résistances, se rappelle Christophe Berdos, ancien arbitre professionnel. On y était favorables puisque ça permettait que nos décisions soient mieux comprises. » Et si, par la même occasion, ça permet de calmer les ardeurs des gueulards... «Automatiquement, le fait d’avoir les micros, ça a changé le comportement des joueurs vis-à-vis des arbitres, valide Christophe Berdos. Ça a permis de désamorcer les potentiels conflits et d’apaiser l’ambiance générale sur un terrain.» C’est justement cela qui a poussé Christian Jeanpierre, sur «Téléfoot» à l’époque, à faire bouger les lignes dans le foot. «J’ai grandi à Toulouse avec la double culture footrugby, confie le journaliste. Je suis rentré à Paris en me disant que je devais convaincre des dirigeants de club. A l’époque, Frédéric Thiriez était à la tête de la LFP et il m’a suivi, alors qu’on n’avait aucune autorisation!» Et voilà comment, un soir d’avril 2002, l’arbitre Laurent Duhamel s’est retrouvé lesté de plusieurs kilos d’équipement à l’occasion d’un Lille-Nantes. «J’en garde un souvenir assez intéressant, témoigne l’ancien arbitre Bertrand Layec. C’était une manière de s’ouvrir au monde extérieur. » Précurseur en la matière, puisqu’il s’est équipé à titre personnel d’un enregistreur depuis un match polémique à Valenciennes, en 2009, Tony Chapron ne voit pourtant pas cela comme « la solution miracle. Ça évite des polémiques, mais je ne suis pas sûr que ça ait un impact sur les joueurs.» Bertrand Layec, qui officiait lors de la finale de Coupe de France PSG-Auxerre, en 2002, abonde : «Il y a eu un peu de retenue de la part des joueurs dans les premières minutes, mais ils ont vite retrouvé leurs vieux réflexes.» Plutôt favorable à cette réforme, le Breton ne demande qu’une chose : « Que le micro n’inhibe pas trop le comportement des acteurs. Le football est un sport de passion, d’émotions, et il faut qu’on le ressente. »