20 Minutes (Nice)

Sarkozy qualifie de « fable » l’affaire Bygmalion

Absent des débats depuis le 20 mai, Nicolas Sarkozy s’est présenté, mardi, devant le tribunal judiciaire de Paris pour être interrogé sur l’affaire Bygmalion

- Vincent Vantighem

Il avait choisi un costume noir. Une cravate de la même teinte. Tout comme le masque. Peut-être pour assortir sa tenue avec son regard sombre. Pendant près de trois heures, mardi, Nicolas Sarkozy est venu témoigner de sa colère d’être mis en cause dans l’affaire Bygmalion, à la barre de la 11e chambre du tribunal judiciaire de Paris, qui examine cette affaire depuis le 20 mai. Estce parce qu’il avait séché toutes les audiences depuis lors ? L’ancien président de la République est apparu énervé. Tremblant. Débordé par sa propre émotion. Comme s’il voulait tout dire en même temps. Au risque de ne rien dire.

« Mais c’est une fable »

Pour lui, il n’y a pas d’affaire Bygmalion. Ou, du moins, pas qui le concerne. À rebrousse-poil des années d’instructio­n, des semaines d’audience et des déposition­s des 13 autres prévenus, l’ancien chef de l’État a contesté le fait que sa campagne présidenti­elle ait coûté deux fois plus cher que celle de ses opposants d’alors, François Hollande et Marine Le Pen. « Mais c’est une fable ! », a-t-il répété, évoquant le fantasme d’une «campagne en or massif».

C’est pourtant le noeud gordien du dossier. Selon l’accusation, l’ex-champion de la droite a dépensé 42,8 millions d’euros. Bien plus que le plafond fixé par la loi à 22,5 millions. Pour dissimuler cela, les anciens dirigeants de Bygmalion et de l’UMP ont reconnu avoir mis en place un système de fausses factures réglées par le parti pour le compte de son candidat de l’époque.

Les preuves ont été projetées sur l’écran du prétoire. Mais Nicolas Sarkozy ne les reconnaît pas. « On se moque du monde ! L’argent n’a pas été dans ma campagne. Sinon, cela se serait vu ! On aurait dit : “Nicolas Sarkozy est devenu fou ! Il donne du caviar au public de ses meetings !” » La manoeuvre aurait-elle servi à enrichir Bygmalion ? L’ex-président le pense. Et accorde peu d’importance au fait que la société chargée d’organiser ses meetings a fini par mettre la clé sous la porte. Pour lui, elle était au service de son meilleur opposant en interne : Jean-François Copé. « Si je n’avais pas eu l’idée de rassembler ma famille politique et de mettre Copé à la tête de l’UMP, personne ne serait ici. Parce que jamais il n’y aurait eu de Bygmalion.»

Il est trop tard pour les regrets. L’ancien président sait que son meilleur ennemi a bénéficié d’un non-lieu dans ce dossier. Et que lui encourt le risque d’être condamné une deuxième fois en moins de six mois, après l’affaire Bismuth. Vendredi, ce sera au tour de son avocat de plaider pour lui éviter ça.

« Si je n’avais pas eu l’idée de mettre Copé à la tête de l’UMP, personne ne serait ici. »

Nicolas Sarkozy

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B. Peyrucq / AFP À la barre, l’ancien chef d’État a témoigné de sa colère d’être mis en cause.
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