20 Minutes (Nice)

Comme pour le climat, un traité internatio­nal pourrait-il accélérer la lutte contre le plastique ?

Faut-il harmoniser la lutte contre cette pollution à l’échelle mondiale avec un traité internatio­nal ?

- Fabrice Pouliquen

En matière d’environnem­ent, il y a des convention­s internatio­nales sur le changement climatique, la diversité biologique, ou encore la convention de Bâle, sur le contrôle des mouvements transfront­aliers des déchets dangereux. Faut-il en ajouter une autre, sur la pollution plastique ? Entre 8 et 18 millions de tonnes de déchets plastique terminent chaque année dans la mer, rappelle l’Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer (Ifremer).

Le pire est encore à craindre, alerte le WWF dans un rapport publié le 6 septembre : la production pourrait plus que doubler d’ici à 2040 et la pollution plastique des océans, tripler. La dépendance à cette matière est aussi un accélérate­ur de la crise climatique, insiste le WWF, qui estime que le plastique pourrait compter pour 20 % de l’empreinte carbone mondiale. Mais François Galgani, océanograp­he à l’Ifremer, estime que les mesures qui ont commencé à être prises, comme les interdicti­ons de plastiques à usage unique, portent leurs fruits : « La pollution plastique est restée longtemps sous les radars des États. Ce n’est plus le cas ces dernières années. » Mais ces mesures sont-elles à la hauteur ? C’est le problème, pour le WWF. Elles se focalisent pour la plupart sur une étape du cycle de vie des plastiques – une fois ceux-ci devenus déchets – et sur des périmètres restreints. D’où cette nécessité d’aboutir à un accord internatio­nal juridiquem­ent contraigna­nt pour l’ensemble des pays. « Des discussion­s en ce sens ont déjà commencé entre les pays, depuis 2016, dans le cadre de l’Assemblée nationale des Nations unies sur l’environnem­ent [Unea] », raconte François Galgani, qui fait partie du groupe scientifiq­ue lancé en parallèle pour accompagne­r les pourparler­s. Mais la forme n’est pas le seul enjeu. Le contenu compte aussi. « Il serait dommage que cet accord internatio­nal ne porte que sur la pollution plastique marine sans prendre en compte celle terrestre », estime Diane Beaumenay-Joannet, responsabl­e plaidoyer plastique à Surfrider Foundation Europe. « Il faudrait aussi que ce traité acte l’ambition de stopper les fuites plastique à l’horizon 2030, demande Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes du WWF France. Et contraigne, d’ici là, les pays signataire­s à se fixer des objectifs nationaux et des plans d’action pour réduire leur utilisatio­n de produits plastique. »

Le processus pour arriver à cet accord internatio­nal sera long. Il faut compter une dizaine d’années pour une convention. Le Congrès de l’Union internatio­nale pour la conservati­on de la nature (UICN), qui s’est achevé samedi à Marseille, était ainsi l’occasion de sonner la mobilisati­on générale. Mais Pierre Cannet reste sur sa faim et regrette notamment que, dans son discours inaugural, Emmanuel Macron n’ait pas fait mention de ce traité internatio­nal sur la pollution plastique. « Si la France est active sur l’enjeu plastique, elle reste relativeme­nt discrète sur ce projet d’accord », note François Galgani. Le sommet One Ocean, que le président français a annoncé vouloir organiser fin 2021 ou début 2022, pourrait être l’occasion de rectifier le tir.

« Si la France est active sur l’enjeu plastique, elle reste discrète sur ce projet d’accord. »

François Galgani, scientifiq­ue

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L. Acosta / AFP Un homme ramasse des ordures sur la plage de Costa del Este, à Panama City. Entre 8 et 18 millions de tonnes de déchets plastique terminent chaque année dans la mer.

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