Hôpitaux, cliniques et Ehpad agités par l’obligation vaccinale
La mesure, qui prend effet ce mercredi, pourrait susciter de nouveaux départs de soignants
Un coup de bambou pour un système de santé déjà au bord du gouffre ? À partir de ce mercredi, aucun soignant ni personnel employé par un hôpital, une clinique, un Ehpad ne pourra venir travailler sans apporter la preuve qu’il a reçu au moins une dose d’un vaccin anti-Covid-19. Dans les faits, son contrat et sa rémunération seront suspendus. Sauf pour les soignants qui ont une contre-indication médicale. Depuis plusieurs semaines, les établissements de santé s’organisent pour éviter que cette deadline ne rime avec suspensions de contrat (lire l’encadré), donc difficultés pour assurer les soins. Bien que certains prennent la parole ou battent le pavé pour dire leur décision de quitter leur emploi afin d’éviter la case vaccination, les directeurs d’hôpital et d’Ehpad ne craignent pas une hémorragie. Selon Santé publique France, au 7 septembre, 83,9 % des professionnels de santé étaient totalement vaccinés en Ehpad ou unités de soins de longue durée, 84,1 % des personnels soignants salariés en établissements de santé, et 91,1 % des professionnels libéraux.
« Assurer le maintien des soins »
Mais il reste des interrogations. « Même s’il y a peu de suspensions, ce sera toujours trop, reconnaît Pierre Pinzelli, secrétaire général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Nous avons identifié une dizaine de services hospitaliers [sur 240] pour lesquels nous travaillons spécifiquement afin d’assurer le maintien des soins.» Notamment en embauchant des renforts ou en réorganisant les services, quitte à proposer moins de consultations. « C’est de la dentelle, et ça change en permanence, souffle Pierre Pinzelli. Et ça continuera à bouger après [ce] mercredi. » Car tout soignant qui se fait vacciner pourra retrouver son poste.
Du côté de la dépendance, l’inquiétude pointe, car le sous-effectif est chronique dans ce secteur. « Il va rester peut-être 5 à 10 % de non-vaccinés, parmi lesquels des infirmiers et aides-soignants que nous avons du mal à recruter, regrette Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées. En plus, les infirmières sont mobilisées dans les centres de vaccination, car la rémunération est meilleure. » Pour lui, certaines structures vont avoir du mal à tourner : « Il faut que l’État nous dise ce qu’il prévoit pour ces établissements. »