Un premier quartier pour détenues radicalisées
Le centre pénitentiaire de Rennes est le seul établissement en France à abriter une unité de prise en charge de la radicalisation de ces femmes
L’établissement est unique en son genre. Situé en plein coeur de ville, juste derrière la gare, le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, qui compte actuellement 206 détenues, abrite depuis une semaine le premier quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) pour femmes, « une première en France et en Europe », selon la directrice, Véronique Sousset. Aujourd’hui au nombre de six pour les hommes, ces QPR avaient vu le jour après le choc des attentats de janvier 2015. Le gouvernement avait souhaité une prise en charge spécifique des détenus radicalisés avec, comme objectif, de les « désengager » de la violence islamiste et de les « réinsérer ». À la prison des femmes de Rennes, « la doctrine sera la même », assure Véronique Sousset. « On ne va pas faire de la déradicalisation, qui est un fantasme, indique-t-elle. L’objectif est de désengager ces femmes de l’agir violent et de les remettre sur le chemin de la citoyenneté. »
Trois femmes, toutes condamnées pour des faits de terrorisme, sont pour l’heure accueillies dans ce nouveau quartier aménagé dans l’ancienne maison d’arrêt. Dix-neuf nouvelles détenues les rejoindront d’ici à la fin de l’année. Une fois les travaux terminés, à l’horizon 2023 ou 2024, le QPR sera en capacité d’accueillir 29 détenues, dont certaines « revenantes » de Syrie. Dans cette aile étanche des autres quartiers pour éviter tout prosélytisme, les femmes radicalisées feront l’objet d’une surveillance particulière de la part du personnel, qui a suivi une formation spécifique de trois semaines. « Mais ce n’est pas un quartier d’isolement amélioré, prévient Véronique Sousset. Le QPR allie sécurité adaptée et accompagnement social. » Dans chacune des cellules de 11 m² composant cette unité, des barreaux ont ainsi été ajoutés aux fenêtres grillagées et le mobilier a été scellé. À l’écart des autres détenues, elles auront accès aux parloirs et aux unités de vie familiale et pourront se promener en groupe réduit dans une cour bien définie. Elles suivront également un programme particulier mêlant activités sportives, ateliers sur la place de la femme ou travail sur l’estime de soi. Des rencontres avec des médiateurs du fait religieux sont également prévues pour « insuffler chez elles un doute sur ce qu’on a pu leur faire croire », souligne Ismaël RighiBelhouari, adjoint au chef de la mission de lutte contre la radicalisation violente.
L’objectif est de désengager ces femmes de la violence et de les réinsérer.