Benalla confronté à ses mensonges
« C’est un peu comme si vous creusiez le trou pour vous mettre dedans. » Mardi, les questions de la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, ont mis en difficulté Alexandre Benalla. Jugé depuis lundi, notamment pour avoir violenté des manifestants le 1er mai 2018, l’ex-chargé de mission de l’Élysée s’est vexé lorsque la magistrate a sousentendu qu’il mentait concernant certains éléments du dossier. Et tout particulièrement concernant la disparition du téléphone portable qu’il a utilisé pour prévenir le chef de l’État qu’une vidéo de lui circulait sur Internet. Le prévenu avait expliqué aux enquêteurs qu’il avait perdu l’appareil. « Je l’ai retrouvé en sortant de garde à vue, assure aujourd’hui Alexandre Benalla. Ce n’est pas une question de mentir. » « Chacun à sa conception du mensonge », rétorque la présidente. Et cette dernière, peu « convaincue » par ses explications, d’ajouter : « Ici, on peut mentir, mais quand ça coince, ça coince. »
Pour elle, il est logique de penser, à la lecture du dossier, qu’il a « dissimulé ce téléphone portable, son contenu dans le cadre de cette enquête ». Le prévenu, qui estime ce volet du dossier « accessoire », s’énerve. « Il apporte quoi, ce téléphone ? » Réponse sèche d’Isabelle Prévost-Desprez : « On ne débat pas, je vous interroge. » Alexandre Benalla explique qu’il a donné une copie de la sauvegarde de ce téléphone au juge d’instruction… mais seulement en février 2019, observe la présidente. « Vous allez sortir les SMS qui vous intéressent, parce qu’il y en a d’autres que vous ne voulez pas qu’on voie », subodore la magistrate. L’avocate du prévenu, Jacqueline Laffont, explique qu’il avait peur, à l’époque, que des messages confidentiels se retrouvent dans la presse. Alexandre Benalla a utilisé ce téléphone pour alerter Emmanuel Macron, qui se trouvait alors en déplacement en Australie. Pourquoi n’a-t-il pas averti, plutôt, son supérieur hiérarchique ? « Je ne voyais pas de nécessité [de le faire] à partir du moment où j’avais prévenu le principal concerné », à savoir le président de la République. Une histoire de « loyauté ». « Vous vous fichez de la hiérarchie, c’est vous qui décidez », estime au contraire la juge. Alexandre Benalla encourt jusqu’à sept ans de prison et 100 000 € d’amende.
« On ne débat pas, je vous interroge. » Isabelle Prévost-Desprez, pdte du tribunal