Santé « Je porterai ma blouse blanche pour la dernière fois »
Des soignants ont répondu à l’appel à témoignages de « 20 Minutes » sur l’obligation vaccinale. Plusieurs se disent prêts à perdre leur emploi
Àpartir de ce mercredi, les soignants et soignantes devront faire preuve d’exemplarité : avoir reçu au moins une dose d’un vaccin antiCovid-19. Pour certains personnels des hôpitaux, cliniques et Ehpad, c’est la goutte de trop. Ils ont décidé de raccrocher ou de subir (voire de contourner) les sanctions prévues – à savoir une suspension, sans rémunération. Un scénario auquel Laurence, soignante depuis trente ans, s’est préparée : « Ce 15 septembre, je porterai ma blouse blanche pour la dernière fois. » Élisabeth, infirmière depuis vingt-deux ans, ne compte pas non plus se faire vacciner. Mais «pour l’instant, ma clinique, qui est en grand manque de personnel, nous a garanti qu’aucune mesure ne serait prise contre le personnel non vacciné, témoigne-t-elle. En revanche, si l’ARS s’en mêle, met la pression à ma direction et que je suis suspendue, je chercherai un autre travail et je contacterai un avocat pour défendre mes droits. »
Quitter la France
Laëtitia, elle, est secrétaire médicale. Avec son conjoint – lui vacciné –, ils sont éligibles aux inséminations artificielles. La perspective de se faire vacciner angoisse la quadragénaire : « J’ai refusé, de peur de perdre la chance qui nous est donnée d’essayer d’avoir un enfant. » Elle n’est pas fermée à l’idée de se faire vacciner au deuxième trimestre, si elle a la chance d’être enceinte.
« Que vais-je faire après ? », s’interroge de son côté Jade, chirurgienne-dentiste, avec un agenda complet jusqu’en janvier : « Soigner est pour moi une passion. S’il faut changer de pays, je changerai. » Caroline, secrétaire comptable et facturière dans deux cliniques privées depuis onze ans, est tombée de haut en apprenant qu’elle était considérée comme personnel soumis à l’obligation vaccinale. Elle a fini par démissionner, après le refus de sa hiérarchie de lui accorder un congé sans solde. « J’étais pourtant indispensable lors des confinements précédents », indique-t-elle, dégoûtée.