MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté lors des deux premières saisons de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les mésaventures de l’oligarque Oleg Chestov, occupé à sauver sa fortune. Celui-ci, affaibli par un cancer, obligé de jouer un double jeu avec les Américains et les Russes pour échapper aux conséquences de la guerre en Ukraine, voit le Royaume comme le dernier refuge possible. À la condition qu’il réussisse à nouer les bonnes alliances et à se débarrasser de son encombrant passé.
Résumé de l’épisode 13 : À Londres, Patros et son partenaire du CAC 40 ont mis au point la suite de leur stratégie de conquête du Royaume : multiplier les procédures contre les amis du Prince et déclencher une crise de régime. Alors que Patros croit la journée terminée, un SMS d’Oleg Chestov réclame urgemment son attention.
Le brouillard se dissipe
Il ne manque pas de culot, le Russe, pense Patros, en relisant son SMS, de le sommer de la sorte. L’urgence a bon dos. Il se croit sans doute encore tout-puissant, revenu au temps de sa splendeur, quand le marchand Nicolas Haller lui débusquait les plus beaux chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’art – Modigliani, Rothko, Léonard de Vinci… – et que le Prince lui faisait des amabilités avec son club de football. Il a dû oublier que les banquiers du Royaume ont aujourd’hui de sérieux doutes sur son crédit, qu’il est devenu pour eux un actif suspect, à surveiller. Envolée, la confiance.
En un déjeuner, Patros s’est rangé aux doutes de son ami du CAC 40 sur l’oligarque. Son partenaire a pointé un parallèle dans les stratégies de Chestov, entre son rapport avec le maître du Kremlin, ses liens avec les Occidentaux et leur situation. En bon joueur d’échecs, Chestov essaie toujours d’être le pion d’une case clé, de celle qui vous donne l’avantage à la fin de la partie. Dès le début de la guerre en Ukraine, il avait assuré ses arrières avec les Américains, sans désavouer Moscou, ni se fâcher avec les Européens. Et, que faisait-il à nouveau pour sauver les restes de sa fortune ? La même chose, il se plaçait au milieu de la bataille en se rendant indispensable. Ce qui faisait dire à l’ami du CAC 40 que l’oligarque restait fiable, à la condition que le rapport de force tourne en leur faveur. Mais gare à la trahison si le Prince venait à gagner trop de points ! Patros n’était pas obligé de répondre à Chestov, certes, mais la prudence lui soufflait de prendre son téléphone et de contacter le Russe.