« Nous ne sommes jamais préparés au scénario du pire »
Raphaëlle, ex-enquêtrice, livre ses impressions sur « Novembre », le film de Cédric Jimenez qui raconte la traque des complices des terroristes du 13-Novembre
Lenquête d’une vie. Novembre, en salles ce mercredi, suit les policiers de la Sdat, la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, qui ont traqué les complices des terroristes du 13-Novembre, qui ont tué 131 personnes à Paris et à Saint-Denis (lire ci-après). «C’était une course contre la montre», se rappelle Raphaëlle*, une ex-enquêtrice de la Sdat, qui a vu le long métrage. Elle donne son ressenti à 20 Minutes.
Qu’avez-vous pensé du film, vous qui avez été au coeur de l’enquête ?
J’y suis allée avec des collègues. Ils ont trouvé ça un peu perturbant. L’enquête a été tellement hors norme que, pour certains enquêteurs, il a été difficile de retrouver une vie « normale » de policier. Mais Novembre reste une fiction, ce n’est pas un documentaire. Il y a des choses qui ne collent pas à la réalité. Par exemple, quand Anaïs Demoustier [qui joue le rôle d’une policière de la Sdat] opère en solo, dans la réalité, ce ne serait pas possible. Mais c’était nécessaire pour les ressorts du scénario.
Vous rappelez-vous du moment où vous avez appris que des attaques étaient en cours ?
C’était une soirée calme. On rentrait chez nous. On m’a rappelée sur le trajet. Le sous-directeur antiterroriste était noyé d’appels, tout comme son adjoint et les chefs de service. On a fait le point sur les effectifs disponibles et mis en place le dispositif prévu. La Sdat devait coordonner l’intégralité de l’enquête.
La Sdat était-elle préparée pour un attentat de cette ampleur ?
Nous ne sommes jamais préparés au scénario du pire, on n’avait jamais connu ça. En revanche, depuis 2005, la Sdat avait anticipé plusieurs scénarios. Il y avait eu des attentats en Grande-Bretagne, et on s’était dit qu’il fallait mettre en place un dispositif spécifique si cela devait se produire en France. C’est ce dispositif qu’on a déployé le 13 novembre : on se met en ordre de marche, avec différents ateliers pour enquêter. Tout est très protocolisé. Cette organisation évolue après chaque attentat.