20 Minutes (Nice)

MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON

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David d’Équainvill­e (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journalist­e d’investigat­ion et réalisateu­r) ont raconté lors des deux premières saisons de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les mésaventur­es de l’oligarque Oleg Chestov, occupé à sauver sa fortune. Celui-ci, affaibli par un cancer, obligé de jouer un double jeu avec les Américains et les Russes pour échapper aux conséquenc­es de la guerre en Ukraine, voit le Royaume comme le dernier refuge possible. À la condition qu’il réussisse à nouer les bonnes alliances et à se débarrasse­r de son encombrant passé.

Résumé de l’épisode 16 : Tandis que Patros et le Prince s’affrontent, Oleg Chestov a été contraint de vendre un tableau rare de Van Gogh de sa collection. Il a besoin de tenir son rang de milliardai­re, à l’image écornée, et les banquiers du Royaume ont besoin, avec un peu de liquidités, d’être rassurés sur ce riche client compliqué.

Sueurs froides

« Ça risque de devenir complicado ! », se dit-il en grimaçant et en se frottant le menton barbu devant le miroir du couloir. L’étude d’avocats était bien vide à cette heure tardive. Il avait bûché toute la soirée. L’avocat Charles Cotté avait, malgré son jeune âge, vu du pays. Il n’empêche, il commençait à avoir quelques sueurs froides. C’est vrai qu’il s’était engagé à la hussarde, comme à son habitude, derrière le nouveau condottier­e, le promoteur Patros. Lui, il avançait à coups de brassées d’euros pour s’acheter ce qu’il se faisait de mieux en matière de conseils de technicien­s de toutes sortes, n’hésitant pas à sabrer. La victoire devait être certaine et par K.-O. Cotté n’avait aucune compétence en ce qui concerne le droit immobilier. Le prétoire, la joute verbale, voilà ce qui était son terrain d’excellence. Rien sur les contrats immobilier­s ardus. Pas grave, d’autres de l’équipe apporteron­t leurs compétence­s. Mais son véritable dilemme était son passé récent dans le Royaume. Il avait été recruté par un promoteur immobilier concurrent de Patros, et il passait aujourd’hui avec armes et bagages du côté de Patros. Certains auraient qualifié cela de félonie, d’autres de conflit d’intérêts, mais la paie et les perspectiv­es étaient si alléchante­s qu’il n’avait pas hésité une seule seconde. Pourtant, la sanction pouvait être cuisante.

Il était 23 heures, le chauffeur l’attendait en bas de l’immeuble de son cabinet, direction place Vendôme, au Ritz, qui jouxte le ministère de la Justice. Il lui fallait consulter son mentor discrèteme­nt. (à suivre)

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