Iran Unis dans la révolte depuis la France
Des lectrices et lecteurs iraniens de « 20 Minutes » réagissent aux manifestations qui secouent leur pays depuis le décès de Mahsa Amini
Les images font le tour du monde. Un vent de contestation déferle sur l’Iran, gagnant les rues, les écoles ou les universités. Un mouvement d’opposition porté par des Iraniennes, qui bravent la République islamique. Elles retirent et brûlent leur voile, elles organisent des rassemblements, elles scandent des slogans hostiles au régime conservateur, comme « Mort au dictateur », ou d’émancipation comme « Femme, Vie, Liberté ».
Cette colère est nourrie par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, le 16 septembre, trois jours après son arrestation par la police des moeurs, qui jugeait que son voile ne couvrait pas assez ses cheveux. À plus de 4 200 km de Téhéran, comment les Iraniens et Iraniennes habitant en France vivent-ils la situation ? Bahra, qui a répondu à notre appel à témoignages, se dit « stressée ». Un sentiment partagé par plusieurs de nos lecteurs et lectrices. Zahra est en
« pleurs » et en « colère », devant les nouvelles venues du MoyenOrient. Mais elle reste pleine d’« espoir », participe à un maximum de manifestations, même si elle « se demande si ça sert à quelque chose ». « Je me sens coupable quand je me vois dans un pays si libre, en sachant mes frères et soeurs iraniennes prêtes à mourir pour leur liberté », confie-t-elle. Arman, Franco-Iranien, est aussi submergé par la tristesse, tout en saluant cette « première révolution féminine de l’histoire, soutenue par des hommes ». Toutefois, il avoue être « profondément déçu de l’inaction de la France, pays des droits humains, et des féministes françaises ».
Censure
Au-delà des violences, qui ont causé la mort d’au moins 95 personnes, selon l’ONG Iran Human Rights, le régime iranien a imposé de sévères restrictions à l’accès des réseaux sociaux.
Une censure d’Internet qui rend difficile le contact des Iraniens avec leurs proches installés en France. « C’est impossible via FaceTime et WhatsApp, explique Shaghayegh. Ceux qui peuvent fuir le font. La fuite des cerveaux est un réel problème en Iran. » Elle a d’ailleurs aidé des membres de sa famille à pouvoir venir étudier en France et ne compte plus le nombre d’amis iraniens, encouragés par leurs parents à quitter le pays pour « une meilleure vie, plus de liberté, de sécurité financière, de tranquillité. Un avenir. »
Tara mesure sa chance d’être parvenue à entrer en contact avec les siens, car ces derniers ont eu les moyens « de se payer un VPN avant qu’Internet ne soit coupé ». Erwan s’inquiète aussi beaucoup pour sa famille. Né d’un père iranien, ce Français de 30 ans partage sur les réseaux sociaux des témoignages et vidéos pour faire connaître la situation à un maximum de personnes. Il espère ainsi une plus forte résonance de la couverture médiatique des événements.