MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté lors des deux premières saisons de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les mésaventures de l’oligarque Oleg Chestov, occupé à sauver sa fortune. Celui-ci, affaibli par un cancer, obligé de jouer un double jeu avec les Américains et les Russes pour échapper aux conséquences de la guerre en Ukraine, voit le Royaume comme le dernier refuge possible. À la condition qu’il réussisse à nouer les bonnes alliances et à se débarrasser de son encombrant passé.
Résumé de l’épisode 18 : Pierre Patros, promoteur immobilier le plus puissant du Royaume, dans sa bataille contre le Palais, avait perdu une partie lorsque ses indics placés au plus près du Prince furent découverts. Mais l’entrepreneur avait d’autres cartes dans son jeu : un jeune avocat, l’une des plus fines lames de Paris, et un membre de la famille princière, le possible futur héritier.
Régence
De la terrasse de son appartement au 15e étage de la tour, Silvio pouvait distinctement voir le palais, celui depuis lequel son oncle régnait. Pour combien de temps encore, se demandait-il. Les discussions londoniennes avec le promoteur Pierre Patros avaient abouti à ce constat : tant que le régime actuel serait maintenu, rien ne serait possible. Il faut que le Prince accepte de se soumettre, sinon il faudra le démettre.
Dans la tête même de Silvio, cette révolution suggérée par le promoteur immobilier, qui était, de fait, le réel monarque du Royaume, n’allait au départ pas de soi ! Il est difficile d’envisager de tout bouleverser alors que, depuis des générations, le pouvoir s’était exercé quasi naturellement, concentré entre les mains du monarque. Ils étaient tombés d’accord, la situation actuelle ne pouvait durer plus longtemps. Pousser le Prince à se démettre pour installer un conseil de régence, le temps de ménager la place pour permettre à celui qui, dans la position successorale, peut sérieusement envisager de monter sur le trône. Le promoteur avait su faire miroiter au jeune descendant de la lignée que sa place était assurée auprès de lui pour se lancer dans les affaires. Le but était de couper l’herbe sous le pied de la clique qui entourait le monarque et qui se servait abusivement de sa position pour se « gaver » dans toutes les opérations immobilières. Mais ce changement ne pourrait pas intervenir avant les festivités du Royaume, prévues à partir de l’année prochaine. Juste le temps de se préparer. (à suivre)