Pleins pouvoirs pour certains
Adossée à un mur, dans le parking souterrain aux effluves d’essence qui jouxte la station-service du Carrefour Bonneveine, à Marseille, Sabrina attend, les bras croisés. Elle est tendue, elle doit aller au travail, avant de se rendre au plus vite au chevet de sa grand-mère souffrante. Mais elle ne peut pas. En effet, depuis jeudi matin, seules certaines catégories professionnelles ont le droit de faire le plein d’essence dans cette station-service.
« Je vais pouvoir reprendre le boulot »
Sabrina a bien tenté de convaincre les deux policiers chargés de vérifier les métiers de chaque automobiliste qui se présente à la pompe. En vain. « Même si je trouve normal que certaines professions aient accès en priorité, je trouve ça aussi un peu aberrant », expliquet-elle. Des pompiers, des infirmiers, mais aussi des douaniers, des salariés d’opérateurs de téléphonie, des cheminots ou encore des agents de services funéraires, c’est un drôle d’inventaire à la Prévert qui est autorisé à défiler sous les yeux des forces de l’ordre.
« Je suis venu ici par hasard, confesse Mickaël. Je suis sur la réserve. Mais, comme je travaille dans la recherche, je peux faire le plein. » Dans son taxi médicalisé, Charles respire : « C’est simple : je ne travaille pas depuis mardi. Dès que je sors, je vais pouvoir reprendre le boulot. » « L’État aurait dû faire ça bien avant, mais, comme d’habitude, ils ont mis du temps à réagir », grommelle Yoann. Profitant d’un moment de flottement et d’inattention des policiers, Sabrina se glisse discrètement dans la file : « Toute cette attente pour donner au final 107 € ! Vous vous rendez compte ? »