La crise sociale enflamme le Palais-Bourbon
Lors des questions au gouvernement, l’exécutif était sous le feu des critiques de toutes les oppositions
Quelques minutes avant le début de la séance à l’Assemblée, Erwan Balanant s’inquiète des échanges à venir. « Ça va être chaud bouillant… », souffle le député Modem. Les questions au gouvernement se déroulaient en effet, mardi, dans un contexte de forte tension sociale. Au même moment, des dizaines de milliers de personnes manifestaient et participaient à une journée de grève interprofessionnelle (lire aussi p.6). La crise des carburants n’a d’ailleurs pas manqué d’enflammer les débats.
« Vous avez réussi à placer la cinquième puissance du monde dans un état de pénurie permanente », tacle le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy. Même constat pour l’élu Les Républicains Antoine Vermorel-Marques. « Après le temps de la vie chère est venu le temps de la France en carence : carence de carburant et carence de gouvernement », siffle le député de la Loire. Sous le feu des critiques, Élisabeth Borne tente de rassurer et évoque une « amélioration sensible » dans les stations-service, dont moins d’un quart serait désormais privé de carburant, contre un tiers la veille. La cheffe du gouvernement indique avoir « demandé aux préfets de réquisitionner les salariés nécessaires au fonctionnement de certains dépôts ».
« Votre méthode, c’est la matraque ! »
Mais l’exécutif est pris en tenaille. À gauche de l’Hémicycle, on lui reproche d’attaquer le droit de grève. « Votre méthode, c’est la réquisition, la matraque, le 49.3 (lire l’encadré), vous méprisez le peuple ! », lance le député PCF de Seine-Maritime Jean-Paul Lecoq. Manuel Bompard enfonce le clou et apporte son soutien à la mobilisation sociale. « Les salariés ont raison d’exiger des salaires plus hauts pour faire face à la hausse des prix, lance le député LFI. L’inflation atteint 6 %, les salariés du public, comme du privé, perdent du pouvoir d’achat alors que les plus riches se gavent. »
Ce n’est pas Gabriel Attal, le ministre du Budget, interpellé, mais son collègue du Travail qui réplique en défendant le bilan du gouvernement. Et il n’hésite pas à rendre les coups. « La grande différence entre vous et nous, c’est que nous faisons confiance au dialogue social, assure Olivier Dussopt. Nous agissons, quand vous vous contentez de haranguer les foules. Vous souhaitez que la misère prospère, car la misère, c’est votre fonds de commerce. » Après deux heures trente de débats, le gouvernement peut enfin souffler, au moins dans l’Hémicycle.