La voiture n’a pas encore tout dévoilé
Malgré les problématiques écologiques et économiques, l’automobile nourrit encore les imaginaires
a voiture, c’est la liberté, et tous ceux qui la condamnent devraient se souvenir de ce qu’était l’Union soviétique. » Le 2 décembre 2019, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’exprimait en ces termes à la Journée de la filière automobile. Des mots qui pouvaient déjà sembler anachroniques. Un peu moins de trois ans plus tard, le Mondial de l’automobile ouvre ses portes aux visiteurs à Paris, pour la semaine, en pleine crise écologique, économique et lors d’une semaine de pénurie d’essence quasi nationale.
Mais à quels imaginaires la voiture renvoie-t-elle désormais ? C’est le mot « liberté » qui l’emporte largement dans la bouche des participants au Mondial. « L’homme est fait pour explorer, découvrir, bouger, s’emballe Damien, 35 piges, veste Red Bull sur le dos et Max Verstappen dans le coeur. La liberté de déplacement fait partie des fondements de nos civilisations, dont on a été privé pendant deux ans de confinement et de couvre-feu. » Du côté d’Aixam, numéro 1 de la voiture sans permis, on affirme que « la voiture offre de la mobilité », même sans le fameux papier rose. Certains visiteurs du Mondial ont pourtant fait le choix de renoncer à leurs précieuses quatre roues. À contre-courant des constructeurs, Sophia, 27 ans, imagine l’automobile se raréfier : « La voiture, pour mon père, c’était l’indispensable. Pour moi, ce sont des dépenses et des culpabilisations écologiques. » Au stand d’Alpine, elle admire l’A110R, conçue en 32 exemplaires, vendue tout de même 138 000 € le bébé. « C’est peut-être ça le monde de demain : la voiture en objet de luxe, un rêve inatteignable pour le commun des mortels », soupire Sophia.
Problème ou solution écologique ?
Car au salon la fameuse « fin de l’abondance » annoncée par Emmanuel Macron est bien présente dans les têtes.
Les stands proposent presque tous des modèles électriques, quand il ne s’agit pas de l’ensemble de la gamme présentée. Et ça tombe bien, c’est ce qui attire le plus les nombreux visiteurs. « Pour moi, la voiture, c’est ça : des solutions, constate Camille, casquette Ferrari bien vissée sur une tête pleine d’espoir. Face à la distance, face au prix du train… La voiture répondra aux problèmes écologiques : elle sera bientôt non polluante. »
La voiture en pleine mutation donc ? Pas si vite. Chez Alpine, en pleine description de ce fameux modèle A110R, on rappelle que derrière toutes ses innovations, « la marque reste fidèle à son histoire, ses qualités et son design. Il faut parler aux gens qui nous suivent depuis des années. La voiture, c’est avant tout des passionnés qui parlent à des passionnés. »