Les chasseurs à la barre
« La vie de Morgan ne vaut pas grand-chose si rien ne change » Benoît Coussy, avocat du frère de Morgan Keane
« Il n’y a pas un jour qui passe sans que j’y pense. » Ces remords, ce sont ceux formulés par Julien F., un chasseur aveyronnais de 35 ans. Il était jugé, jeudi, au tribunal correctionnel de Cahors (Lot), pour avoir blessé mortellement Morgan Keane, un jeune homme de 25 ans, sur son terrain. « Je n’ai pas bien identifié la cible, je suis d’accord avec vous », se remémore-t-il, sans chercher d’échappatoire. Le président,
Philippe Clarissou, s’est échiné à déterminer si les consignes de sécurité avaient bien été données. Le directeur de battue, Laurent L., un Lotois de 52 ans, affirme qu’il a bien énoncé les règles, mais « certains n’écout[aient] pas ». Le procureur de la République de Cahors, Alexandre Rossi, a relevé « plusieurs fautes caractérisées », et a requis dix-huit mois d’emprisonnement, dont douze avec sursis contre le directeur de battue, et deux ans, dont six mois ferme contre le tireur, ainsi qu’une interdiction définitive de chasser. L’avocate de ce dernier, Sylvie Bros, a expliqué que son client n’avait jamais cherché à se défausser et qu’il avait manqué de « consignes claires et simples ». Même si les différentes parties s’en défendent, c’est un peu la chasse et ses adeptes qui étaient au centre des débats. « La vie de Morgan ne vaut pas grand-chose si rien ne change », a plaidé Benoît Coussy, l’avocat de Rowan, le frère de la victime. La décision a été mise en délibéré au 12 janvier.