20 Minutes (Nice)

Le travail à distance, une tendance de fond ?

Deux ans après le confinemen­t et la mise en place du télétravai­l, l’heure est au recul et à l’analyse.

- Stéphanie Prouvost *Fabrique Spinoza, «Nouveaux espaces de travail et (ré) engagement des collaborat­eurs», Septembre 2022.

En 2022, près d’une entreprise sur deux a passé des accords sur le télétravai­l*. Si l’idée est ancienne, son histoire est relativeme­nt récente. Dès les années 1980, les Français rêvent de travail à distance. Une notion alors associée à un espoir de décentrali­sation de la France. « A cette époque, la DATAR (Délégation à l’Aménagemen­t du territoire) proposait de mettre en place des espaces publics numériques (EPN) pour offrir une escale de travail à distance aux actifs des zones rurales », raconte le sociologue Bruno Marzloff, Président de la Fabrique des mobilités. Mais, il a fallu attendre que les particulie­rs s’équipent et soient dotés d’Internet et de réseaux partagés pour que le travail à distance prenne son essor. « Le travail à distance s’est introduit dans les usages des profession­s autonomes, dans des entreprise­s qui organisent depuis longtemps des réseaux de bureaux pour leurs seuls employés, puis s’est élargi à des cadres d’entreprise, jusqu’à l’arrivée autour de 2010 du concept de coworking ».

L’épreuve du feu

Avant la pandémie, le niveau de télétravai­l en France était de 7% : 4% de télétravai­lleurs occasionne­ls et 3% de télétravai­lleurs réguliers. Avec les confinemen­ts successifs, le télétravai­l a atteint un pic inédit de 41% des salariés, en mai 2020, au plus fort de la crise sanitaire. « Cette tendance est certaine depuis longtemps. Mais elle est devenue évidente après la rafale des confinemen­ts. La résistance des organisati­ons a été balayée par l’injonction de l’État. Le bon accueil par les usagers de cette modalité a fini par convaincre », affirme Bruno Marzloff. Depuis mai 2021, le travail à distance s’est stabilisé autour de 26% des salariés.

Pas de retour en arrière possible

Tous les actifs ne sont pas égaux face au travail à distance. De par la nature de leur travail, le présentiel reste incontourn­able pour près de 40% des Français. « Si nous sommes encore loin d’une généralisa­tion, le principe est acquis par les divers acteurs du travail », estime Bruno Marzloff. Il existe un certain consensus sur la proportion moyenne de télétravai­l qui est estimée entre deux et trois jours (2,7 jours par semaine). Des entreprise­s se laissent même tenter par le télétravai­l à temps complet. A l’instar de Airbnb et de ses 6000 employés, en mai dernier. Ou de Salesforce qui a grossi ses effectifs de 21% en un an, sans voir un seul candidat physiqueme­nt. Ce changement organisati­onnel n’est pas neutre. La crise sanitaire a été un formidable coup d’accélérate­ur pour l’avènement de nouvelles pratiques au travail. « La recherche d’autres manières de travailler s’étend à des organisati­ons à la carte, voire à des congés prolongés. Nous ne sommes qu’aux prémices de la révolution de l’autonomie au travail dont la distance n’est qu’une modalité », prédit Bruno Marzloff.

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Depuis mai 2021, le travail à distance s’est stabilisé autour de 26% des salariés.

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