20 Minutes (Nice)

Beaujolais « Amusant de trouver le plus mauvais »

Depuis quelques jours, et comme chaque année, vous avez peut-être dégusté, en famille ou entre amis, le beaujolais nouveau

- Charlotte Murat

En 2021, plus de neuf millions de bouteilles avaient été commercial­isées en France, et quasiment autant avaient été exportées. Cette année, à cause de la sécheresse, il y en a « 20 % de moins que la moyenne de ces cinq dernières années, mais la qualité est top. C’est un millésime de rêve », assure Daniel Bulliat, président d’Inter beaujolais. Depuis jeudi dernier, le troisième de novembre et jour de la traditionn­elle fête du beaujolais nouveau, les aficionado­s peuvent déguster ce vin primeur. C’est, avant tout, « pour partager un moment de conviviali­té dans la légèreté », assure Nadine, qui résume bien l’avis des internaute­s ayant répondu à notre appel à témoignage­s. « Ce vin correspond à la fête », abonde Daniel Bulliat. Comprenez, c’est un vin léger, pas tanique, facile à boire. « Les vins primeurs sont très flatteurs pour les consommate­urs, car ils sont très aromatique­s, explique l’oenologue Régine Le Coz. Comme pour le rosé, ils ne demandent pas de connaissan­ces particuliè­res pour les apprécier. » Pas la peine, donc, d’avoir le palais éduqué pour sentir le fameux goût de banane. Sans compter un « rapport qualité / prix défiant toute concurrenc­e », observe Cyrielle, une internaute. « Entre 8 et 10 €, cette année, chez un caviste », a calculé, pour sa part, Daniel Bulliat.

Si Régine Le Coz précise que, « aujourd’hui, on ne fait plus de mauvais vins en France, notamment sur les vins primeurs », les amateurs de bon rouge ne recherchen­t pas forcément, depuis jeudi, la qualité du breuvage. À l’image de Karl, un lecteur : « Cela fait une dizaine d’années que je fais avec mes amis la tournée des bars qui proposent du beaujolais nouveau. Le vin est mauvais, et, d’ailleurs, c’est amusant de trouver le plus mauvais. » Le beaujolais nouveau ne sert-il donc qu’à faire la fête un soir de novembre ? La réponse est non. Les profession­nels du secteur s’accordent à considérer les vins primeurs comme une vitrine. « C’est un coup de projecteur annuel sur nos vignobles », assure Daniel Bulliat.

Mise en avant à grand renfort de battage médiatique, la fête du beaujolais nouveau « est, à l’origine, une opération marketing », tient à rappeler Kilien Stengel, auteur gastronomi­que et enseignant à l’université de Tours, au sein de l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentati­on.

Une « patrimonia­lisation »

« Il y a certes eu un phénomène de patrimonia­lisation de cette fête dans l’esprit des gens, concède Kilien Stengel, mais je ne suis pas certain que cela soit le cas dans les faits. Je connais beaucoup de restaurate­urs et de patrons de bar qui ne veulent pas en entendre parler. Et n’oublions pas que, depuis la fin des années 1990, de nombreuses régions de France ont développé leur propre vin primeur. » Touraine primeur, gaillac primeur, côteaux-du-languedoc primeur ou encore côte-du-rhône primeur… Autant de délicieux nectars, à consommer avec modération, qui sont mis, depuis plusieurs jours, à l’honneur dans nos régions.

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