Les magistrats à bout de souffle
Dans la cour d’assises du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), on ne voit que ces robes noires et rouges le long du mur. Il y en a 49, soit le nombre de magistrats supplémentaires qu’il faudrait pour faire « tourner » la deuxième juridiction de France. Un an après la publication d’une tribune dans Le Monde pointant la souffrance de ce corps d’ordinaire silencieux, les professionnels sont unanimes : c’est encore pire. À Bobigny, certains chiffres donnent le tournis : 162 dossiers de contentieux financiers – dont le plus ancien date de 2017 – sont en attente d’audiencement, c’est-à-dire qu’aucune date n’a encore été trouvée pour les juger.
Burn-out et retard qui s’accumule
Sonia Lumbroso, présidente d’une chambre correctionnelle, se sent au bord du burn-out. À cause des horaires à rallonge, mais aussi du sentiment permanent d’insatisfaction. Car, elle le sait, après des années à attendre, certains plaignants ne seront jamais vraiment reconnus comme victimes. Les professionnels s’accordent pour dire que le recrutement de 1 500 magistrats et greffiers supplémentaires d’ici à la fin du quinquennat promis par le ministère de la Justice ne permettra pas de rattraper le retard. C’est à cause de ce même retard que beaucoup de professionnels ont renoncé à se mettre en grève, mardi, lors de la journée de mobilisation.