L’échec de l’appli pour taxis
Les chauffeurs pointent de nombreux dysfonctionnements
«Cela ne marche pas… Cela n’a jamais marché d’ailleurs. » Jean-Philippe Pires, artisan taxi, fait bref lorsqu’il évoque Paris Taxis. Lancée en octobre 2014 par la Mairie de Paris, cette application pour smartphone était présentée comme le coup de pouce de la Ville aux taxis minés par la concurrence des VTC. Gratuite pour les clients comme pour les chauffeurs, l’application permettait aux premiers de repérer sur une carte de la capitale les taxis disponibles et leurs caractéristiques. Et aux seconds de connaître le nombre de clients en attente dans les stations. Mais le service n’a pas pris, principalement en raison d’une géolocalisation déficiente. « Il suffit aux chauffeurs de s’éloigner de 50 m de la station pour qu’ils disparaissent de la carte, déplore Kader Morghad, de la Fédération nationale des taxis indépendants 75. Si je dépose un client à la gare de Lyon, je ne suis pas immédiatement visible des clients qui attendent au même endroit. Je dois d’abord passer par la station de taxis la plus proche pour de nouveau figurer sur la carte. Une perte de temps. » L’application ne permet pas non plus aux clients de commander un taxi à leur domicile. Ils doivent se déplacer à la station de taxis la plus proche. Trop peu utilisée Le peu de communication autour de Paris Taxis – qui a coûté 112 671 €, d’après le site French Web – explique le peu d’utilisateurs, clients comme chauffeurs. Mais il y a plus grave pour Danielle Simonnet, conseillère (Front de Gauche) de Paris : « Le déploiement de cette application a été le prétexte à la suppression de nombreuses bornes de taxis de la capitale. » Entre août et décembre 2014, la capitale est passée de 130 bornes à 93. La conseillère déposera au prochain conseil municipal de Paris, lundi, un voeu appelant à les rétablir, en concertation avec les chauffeurs. Et Paris Taxis ? « Une nouvelle version est en préparation, annonce encore Christophe Nadjovski, adjoint au maire en charge des transports. Elle est attendue pour avril et, puisque la loi Thévenoud nous y autorise, elle géolocalisera les taxis… même en circulation. »