Et pourtant, elles gravitent !
Tout comprendre aux ondes gravitationnelles, même si vous êtes nul en physique
Ce jeudi devrait être une date historique pour les astrophysiciens : toute la communauté scientifique attend avec fébrilité l’annonce des scientifiques du Caltech, du MIT et du Ligo (Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory). Il semble désormais quasi sûr qu’ils ont réussi à mesurer une onde gravitationnelle. Si vous pensez « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre », vous êtes en plein coeur du sujet : l’espace, le temps et ses déformations. Vous pensiez que l’espace et le temps étaient des données immuables, qu’une heure dure toujours une heure (même si ça paraît plus long quand on regarde Derrick) et que Melun est toujours à 42 km de Paris ? Eh bien vous vous mettez le doigt dans l’oeil, et vous l’enfoncez jusqu’au XVIIe siècle : Newton déjà avait eu l’intuition qu’une heure n’est pas toujours une heure. Et Einstein est allé encore plus loin. « La relativité générale a balayé tout ça, explique Eric Gourgoulhon, directeur de recherche au CNRS à l’Observatoire de Paris. Il n’y a pas de temps universel et l’espace est une structure dynamique. » Relativement général Ne croyez pas qu’on a écrit un paragraphe sur la relativité générale juste pour se la péter. Les ondes gravitationnelles sont en fait la preuve que la théorie d’Einstein était juste. « La théorie de la relativité décrit notre univers sous forme d’espace-temps, poursuit Eric Gourgoulhon. Les ondes gravitationnelles sont des vibrations de cet espace-temps : ce sont des oscillations provoquées par des mouvements de matière ou d’énergie. » Imaginez que l’espace-temps est une feuille de papier. Faites tomber une masse dessus. Ça bouge. Faites se rencontrer deux masses et imaginez que ce sont deux trous noirs qui se rencontrent : ça bouge encore plus. Et quand ça bouge, on bouge aussi. Une onde gravitationnelle, c’est une infime variation des distances, d’une échelle de 10- m, soit moins que la taille du noyau d’un atome, soit peanuts. Donc vous ne sentez pas que l’espace se déforme (sauf si vous avez un peu forcé sur le schnaps).