La mairie entre en guerre contre la discrimination
Des testings vont être organisés dans les agences
«Nationalité française obligatoire, pas de Noir, immeuble avec des policiers uniquement. » Cette fiche technique d’un appartement en location de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), rédigée par l’agence Laforêt Immobilier des Lilas (Seine-Saint-Denis) avait fait grand bruit après avoir été partagée sur Twitter fin novembre. Depuis, le Défenseur des droits a ouvert une enquête, l’association antiraciste La Maison des potes a porté plainte, et, vendredi, le groupe Laforêt a exclu l’agence des Lilas de son réseau.
« Bon nombre de victimes baissent les bras et ne portent pas plainte. »
Samuel Thomas, La Maison des potes
Cette fiche technique raciste a été un électrochoc à la Mairie de Paris. Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement, et Hélène Bidard, adjointe chargée de la lutte contre les discriminations, ont réuni lundi les représentants des principales fédérations immobilières (Fnaim, Foncia, L’Adresse, Laforêt…) pour mettre en place une charte « zéro discrimination ». Elle tient sur une page. Les signataires s’engagent à renforcer leur action, via notamment « la mise en place de formations » ou encore « la nomination de référents à la non-discrimination ». Rien de bien neuf, en réalité. « C’est stipulé dans les contrats de travail : la discrimination est une faute profession- nelle, indique François Davy, le président de Foncia. Nous avons un logiciel qui détecte des mots sensibles et alerte le rédacteur d’une annonce. » Ian Brossat et Hélène Bidard veulent aussi instaurer des testings dans les prochains mois. Gilles Ricour de Bourgies, président adjoint de la Fnaim Grand Paris, proteste déjà. « Je ne nie pas ce problème des discriminations dans l’accès au logement. Mais ces approches piégeuses sont malsaines. Elles entraînent des confusions en laissant croire à des personnes qu’elles sont victimes de discrimination alors qu’elles ne le sont pas. » En 2015, le Défenseur des droits a été saisi à 145 reprises pour des discriminations liées au logement sur toute la France. « Ce n’est que la face émergée. Dans les faits, bon nombre de victimes baissent les bras et ne portent pas plainte. Ils savent que ça ne sert à rien, observe Samuel Thomas, délégué général de La Maison des potes. Il faut obtenir des condamnations en justice contre ceux qui discriminent : agences immobilières ou propriétaires. Elles sont trop rares aujourd’hui. Soit les procureurs n’ouvrent pas d’enquête, soit ils le font avec un an de retard. »