Un corps de femme en devenir
Dans une salle de sport, de très jeunes filles sont victimes de crises étranges (les « Fits » ou « attaques » qui donnent son titre au film). Une gamine adepte de boxe (formidable Royalty Hightower) les rejoint dans la pratique du hip-hop et découvre ce phénomène inexplicable qu’elle redoute tout autant qu’elle le désire. The Fits d’Anna Rose Holmer est une oeuvre singulière à plus d’un titre. La réalisatrice, spécialisée dans les documentaires sur la danse, livre une première fiction atypique sur l’adolescence au féminin.
Ce moment troublant
Anna Rose Holmer transpose la métamorphose de ces jeunes filles en devenir en expérience multisensorielle. « Les sensations me semblaient plus importantes qu’une narration classique, insiste-t-elle. Je voulais communiquer le trouble de l’adolescence, faire ressentir le moment charnière où on abandonne l’enfance avec ce que cela comporte de terrifiant.» Ce poème aux images sublimes déroute puis envoûte en mettant le spectateur dans la peau d’une môme à la fois fascinée et effrayée par ce que vivent ses compagnes. Une bande-son remarquable ajoute à l’atmosphère oppressante. « L’idée était de communiquer ce qui se passe à l’intérieur du corps de la jeune fille et de donner au spectateur l’impression qu’il le vit en même temps qu’elle. » Son utilisation d’enregistrements médicaux, filtrant les sons extérieurs, fonctionne si bien qu’on se sent à bout de souffle en même temps que l’héroïne en plein entraînement.