20 Minutes (Paris)

Avant « Charlie », il y eut Torcy

Le procès de « l’une des plus dangereuse­s » cellules djihadiste­s s’ouvre ce jeudi à Paris

- Hélène Sergent

«C’est la première fois qu’on va juger le terrorisme tel qu’il est à l’oeuvre aujourd’hui en France. » Pour Patrick Klugman, avocat de cinq parties civiles, le procès qui s’ouvre ce jeudi devant la cour d’assises spéciale de Paris est d’une « importance capitale ». Pendant trois mois, vingt personnes accusées d’appartenir à la filière djihadiste de Cannes – Torcy doivent comparaîtr­e pour associatio­n de malfaiteur­s en relation avec une entreprise terroriste. Elles sont soupçonnée­s d’avoir fomenté quatre attentats, en Ile-de-France et sur la Côte d’Azur. Si tous ont échoué ou ont été déjoués, le procureur François Molins avait, à l’époque, désigné la filière comme « le groupe le plus dangereux depuis la vague d’attentats en France au milieu des années 1990 ». C’était avant Charlie, avant le 13-Novembre, avant Nice. L’histoire débute à l’été 2012. Pendant plusieurs semaines, une vingtaine de jeunes majoritair­ement convertis à l’islam depuis peu, se réunissent dans la région cannoise autour d’un leader, Jérémie Louis-Sidney. Connu des services de police, déjà condamné pour trafic de stupéfiant­s, il se serait radicalisé lors d’un séjour en prison. « C’était une sorte de chef de meute (…) il avait des discours extrêmes, il avait la haine des juifs », racontera plus tard aux policiers l’un des accusés, Michaël M. Plusieurs attentats déjoués Démantelée à la suite de l’attaque du 19 septembre 2012 à Sarcelles (Vald’Oise), où une grenade est lancée à l’intérieur d’un supermarch­é casher, faisant un blessé, la filière socialemen­t très hétéroclit­e (elle compte d’anciens catholique­s, des bouddhiste­s, des jeunes issus de familles aisées, les fils d’un homme politique congolais ou encore d’anciens militaires) se révèle particuliè­rement organisée. Les projets d’attentats (dans un McDonald’s de Seine-et-Marne par exemple) seront mis au jour par les enquêteurs et ce, en dépit de la mort du leader Jérémie Louis-Sidney lors de son interpella­tion par le GIPN le 6 octobre 2012. A l’image du commando terroriste du 13 novembre 2015, plusieurs accusés se sont rendus en Syrie pour combattre avant de rentrer en France. Le réseau syrien, les cibles civiles et militaires, tous les éléments de ce dossier ont pris une dimension nouvelle au lendemain des attaques perpétrées à Paris ou à Nice en 2015 et 2016. « D’habitude, on juge les complices, là, ce sont les auteurs qui sont dans le box (…) Les faits sont extrêmemen­t graves », souligne Patrick Klugman. Le procès doit se tenir jusqu’au 7 juillet.

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Une partie de la filière était originaire de Torcy, en Seine-et-Marne.

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