On a emmené une Anglaise au Cinq
Descendu par « The Guardian », le restaurant trois étoiles se défend plutôt bien
Les Anglais auraient-ils perdu tout sens de la gastronomie? Après la critique au vitriol du restaurant Le Cinq (à l’hôtel George-V, Paris 8e) par Jay Rayner, journaliste du Guardian, on peut se poser la question. Pour en avoir le coeur net, on y a emmené avec la plus française des Anglaises, la journaliste Louise Ekland. « Trop acide à mon goût » Le critique a qualifié l’un des amusebouches (photo du centre) de « sorte d’implant mammaire en silicone pour poupée Barbie ». Celle qui l’accompagnait a considéré que « c’est comme manger un préservatif laissé trop longtemps chez un primeur poussiéreux ». Bon, difficile de ne pas voir l’implant mammaire… Mais Louise se demande quand même : « Qui croque des préservatifs? » Par contre, elle non plus n’aime pas le goût : « On dirait le Doliprane de mon fils ! » Passons à l’entrée : la gratinée d’oignons (photo de droite) « noire comme les cauchemars et collante comme le sol après une fête d’adolescents », selon le critique. Nous, on aime : un plat populaire, revisité de manière étonnante et plaisante. Chez Louise Ekland, ça passe moins bien – « trop acide à mon goût » –, mais elle adore la présentation, critiquée par son compatriote : « L’aspect est poétique. On dirait un potager de conte de fées. L’explosion de la bulle d’oignon est drôle. » Une semaine après le passage du critique anglais, plus de pigeon « trop rosé » à la carte. Mais Louise Ekland tient à expliquer le fossé culturel : « J’ai mis dix ans à m’habituer à la nourriture française. Il ne faut pas oublier que la bouffe n’est pas notre culture, nous, on s’y connaît en foot et en rock! Aujourd’hui, l’Anglaise que je suis comprend certaines choses, mais pas tout. Le critique n’a clairement rien compris. » Mais, même si elle qualifie la semoule d’agneau de « couscous de luxe », elle se range du côté de son compatriote sur la merguez trop peu épicée. Devant le cheesecake au persil, difficile de ne pas être sceptique. Et pourtant, les saveurs se marient bien. « On ne sent presque pas le persil, le cheesecake est réussi et les fruits congelés parsemés dessus lui donnent un côté pétillant. C’est très bon », assure la journaliste, avant de craquer pour la gourmandise offerte par le chef breton : un kouign-amann revisité. Clou du spectacle : la direction du Cinq a gentiment invité 20 Minutes, lui évitant de payer une note de 466 € !