Le scrutin français agite le plat pays
« Les Belges critiquent souvent les Français mais, la présidentielle, ils en parlent tout le temps », résume Jérémy, l’un de ces nombreux Français installés à Tournai. D’ailleurs, tous les habitants de cette ville francophone de Belgique connaissent le nom des deux finalistes de la présidentielle. « C’est normal, on reçoit les chaînes de télé françaises », justifie le youtubeur GuiHome. De son vrai nom Guillaume Wattecamps, ce ressortissant belge a même tenté de voter « pour la blague » en France, le 23 avril. Une façon, à ses yeux, de « montrer que la politique française fait partie de notre quotidien ».
Yannick, fleuriste, est intéressé, lui, par le fonctionnement de notre scrutin. « L’élection à deux tours, on n’a pas ça en Belgique. Ici, on vote pour quelqu’un, mais, avec la proportionnelle, ce n’est presque jamais le vainqueur qui gouverne. Au moins, chez vous, vous êtes sûrs d’éliminer ceux que vous ne voulez pas. » Pour autant, Odon, 77 ans, « ne voudrait pas être à la place des Français pour choisir », après une campagne « ratée », qui a abouti à la qualification de Le Pen au second tour. Denis, rencontré dans la boutique d’un barbier, remarque que la France n’échappe pas « à la montée des extrêmes ». De quoi affecter le quotidien de l’autre côté de la frontière. « Si le FN applique ce qu’il dit qu’il va faire, et qui n’est pas, pour moi, une mauvaise chose, ça peut changer notre vie », avance franchement Jonathan, un jeune père de famille. Célia, dont le compagnon est français, trouve Macron « plus ouvert » que Le Pen sur les questions européennes. Et, « pour la Belgique, l’Europe, c’est très important, parce qu’on est un petit pays », précise Christophe, trentenaire croisé au hasard des rues tournaisiennes.