Le programme vert n’est pas mûr
Le dernier débat prouve le peu de considération de Le Pen et Macron pour le sujet
Pas un mot… Il n’a jamais été question d’écologie, mercredi, durant le débat d’entre-deux-tours. Certes, l’écologie ne figurait pas parmi les thèmes choisis pour interroger Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais ils n’ont pas jugé bon, non plus, de s’aventurer sur le sujet. Est-ce surprenant de la part de deux candidats qui ont peu porté leur attention sur l’environnement durant la campagne ? « Ils ont une vision très classique de la thématique, celle qu’on avait dans les années 1970. L’environnement se limite pour l’essentiel à la préservation du cadre de vie et du patrimoine naturelle », estime Bruno Villalba, professeur de sciences politiques à l’école d’ingénieur AgroParisTech. « Aucun ne voit l’écologie comme une solution à des questions économiques et sociétales, comme l’emploi », abonde Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Marine Le Pen et Emmanuel Macron formulent toutefois des propositions en la matière. Et se retrouvent sur certains points. Les plus consensuels : développer les énergies renouvelables, agir contre la précarité écologique, favoriser les circuits courts, continuer à interdire l’exploitation du gaz de schiste et à appliquer le principe de précaution en interdisant les OGM.
« Des incohérences »
Des divergences existent aussi. Sur le nucléaire par exemple. Marine Le Pen refuse la fermeture de la centrale de Fessenheim et veut engager le « grand carénage », ce plan de modernisation, chiffré à 100 milliards d’euros, qui permettrait de prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires de quarante à soixante ans. Emmanuel Macron, lui, est pour fermer la plus ancienne centrale de France, mais seulement quand l’EPR de Flamanville sera opérationnel, et veut « réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique de 75 % à 50 % à l’horizon 2025 ». Soit la position du gouvernement actuel.
A comparer les deux programmes, Jean-Baptiste Poncelet, de l’ONG France Nature Environnement (FNE), donne une longueur d’avance à Emmanuel Macron. Il n’a pas oublié les déclarations climatosceptiques passées de Marine Le Pen. « Dans les mesures qu’elle prône aujourd’hui, il y a des incohérences qui montrent, soit qu’elle n’a pas approfondi le sujet, soit qu’elle fait du clientélisme. Elle dit vouloir développer massivement les énergies renouvelables, mais annonce un moratoire sur l’éolien. »
Mais l’environnement, prévoit JeanFrançois Julliard, s’imposera au vainqueur, via le G7 puis le G20.