« Mother! », c’est la mère à voir
Darren Aronofsky dirige Jennifer Lawrence dans un film mystique et angoissant
On ne peut voir Mother!, de Darren Aronofsky, sans se demander si le couple de fiction que forment Jennifer Lawrence et Javier Bardem dans le film ressemble à celui de la comédienne et du réalisateur unis à la ville. Dans la fiction, un écrivain en panne d’inspiration pourrit la vie de son épouse par son égoïsme et sa façon trop enthousiaste d’accueillir un couple envahissant (Michelle Pfeiffer et Ed Harris, exceptionnels). « Dans la vie, je ne suis pas du tout comme ça », précise le réalisateur à 20 Minutes. Son film, un choc émotionnel, secoue durablement par sa radicalité. Epoustouflant délire Le réalisateur de Black Swan fait vivre au spectateur une expérience d’une rare intensité dans ce thriller fantastique extrêmement anxiogène. Bien malins seront ceux qui devineront le dénouement, époustouflant délire d’une richesse visuelle incroyable. « Je comprends que le public puisse voir un rapport entre les personnages du film et ma vie, insiste le cinéaste. Et je reconnais que je ne suis pas facile quand je tourne un film, mais cela ne dure que quelques mois ! Le reste du temps, je suis un homme absolument normal. » Normal, peut-être, mais célèbre surtout, tout comme sa compagne traquée par les fans. « J’ai été surpris à Venise de voir les journalistes se ruer sur Jennifer pour lui demander photos et autographes après m’avoir posé des questions sur le rapport de mon héros avec ses admirateurs », relate Darren Aronofsky. Et si le romancier, dans Mother!, se laisse dévorer par la renommée, Aronofsky préfère prendre quelques distances avec elle, tout en reconnaissant ses avantages : « L’existence de Mother! s’explique en deux mots : Jennifer Lawrence. Je n’aurais pas pu faire le film sans elle. » Cette oeuvre, qui flirte avec le cinéma expérimental dans sa seconde moitié, est très éloignée des « Hunger Games » qui ont fait découvrir la star. « J’espère surprendre ceux qui croient la connaître, s’amuse le réalisateur. Mais mon film est avant tout une métaphore de ce que les hommes font subir à notre mère, la Terre. » Le spectateur pourra aussi y voir une réflexion aiguë, mais non dénuée d’humour, sur la création. « Et sur le Créateur, qu’on peut écrire avec un C majuscule, car je me suis largement inspiré de la Bible pour le scénario », ajoute-t-il. De quoi donner à réfléchir en sortant de salle après s’être doucement remis d’avoir rencontré sa Mother!