Plus belle la vie pour les plus riches ?
Les hauts revenus devraient être choyés par le budget 2018, présenté ce mercredi
Le projet de loi de finances (PLF) du budget 2018 présenté ce mercredi fera-t-il revenir Florent Pagny ? Le chanteur a annoncé qu’il allait s’installer au Portugal pour « raisons fiscales ». Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire lui a répondu, affirmant que le PLF « vis [ait] justement à ce que tous ceux qui créent en France (…) puissent être incités à [y] rester ». L’ensemble des réformes doit représenter une baisse des prélèvements obligatoires de près de 10 milliards d’euros, et devrait correspondre à un gain annuel de 324 € en moyenne par ménage, selon l’Observatoire français des conjonctures économique (OFCE).
ISF, CSG, taxe d’habitation
Pour l’ONG Oxfam, le remplacement de l’ISF (351000 foyers) par un impôt sur les revenus immobiliers « permettra au 1 % les plus riches d’économiser 3,6 milliards d’euros ». Une somme qui pourrait être destinée à lutter contre le changement climatique dans le monde, par exemple, regrette-t-elle. Les autres revenus du capital, comme les actions ou les obligations, seront, eux, taxés à hauteur de 30 %, via un prélèvement forfaitaire unique (PFU). Une façon de « libérer l’investissement », en incitant à financer l’économie « réelle ». C’est également une aubaine pour les Français les plus riches, qui concentrent la majeure partie de ces revenus. Autre mesure prévue : la suppression des cotisations maladie et chômage des salariés du privé, en contrepartie d’une augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG). Pour l’exécutif, il s’agit de « redonner du pouvoir d’achat aux actifs ». Si la plupart des indépendants en bénéficieront, les fonctionnaires n’auront en revanche aucun gain de ce côté, seulement des compensations. Quant aux retraités, environ 60 % d’entre eux seront les perdants de cette réforme. Pour ce qui est de la suppression de la taxe d’habitation, mise en oeuvre sur trois ans, elle représentera un gain moyen de 325 € pour un ménage, selon une évaluation de l’OFCE. Mais, en « découpant » les ménages français suivant leur niveau de vie, on remarque que ce sont les classes moyennes qui bénéficieront le plus de cette mesure, les ménages à faibles revenus étant déjà exonérés totalement ou partiellement de la taxe d’habitation. Conclusion de Pierre Madec, économiste à l’OFCE : ces mesures « sont clairement au bénéfice des ménages les plus riches ». Un point de vue que ne partage pas Olivier Rozenfeld, président du cabinet Fidroit : « Depuis des années, ils ont été matraqués fiscalement. Il faut prendre en compte le surcoût lié notamment au dernier quinquennat. » Florent Pagny n’a plus qu’à se décider.