Tout sur ma mère toquée
Dans « Demain et tous les autres jours », Noémie Lvovsky explore les rapports mère-fille
Noémie Lvovsky sonde le monde de l’enfance dans Demain et tous les autres jours, qu’elle réalise et dans lequel elle incarne la mère fofolle d’une fillette d’une dizaine d’années. Malgré les interventions d’un père pacificateur (Mathieu Amalric, touchant), les rapports sont compliqués entre la maman fantasque et l’enfant devenue mûre par obligation. « Pour moi, l’enfance est à la fois un moment de solitude et d’émerveillement », explique l’actrice-réalisatrice à 20 Minutes. Epaulée par sa scénariste complice, Florence Seyvos, elle plonge le spectateur dans un univers prenant, celui d’une petite fille vaillante à laquelle la merveilleuse Luce Rodriguez, découverte du film, apporte un naturel époustouflant. « J’ai avant tout voulu explorer ce lien magique et intense qui unit une mère et une fille, raconte Noémie Lvovsky. C’est quelque chose de puissant et d’inexplicable, un amour passionné presque animal. » Une complicité plus forte que la souffrance provoquée par les moments d’abandon.
« La mère est le premier grand amour et le premier grand chagrin d’amour. »
Noémie Lvovsky
Le rire affleure dans leurs jeux, mais il est vite contrebalancé par la gravité de situations où la gamine est obligée de se prendre en main. « Leurs yeux voient autre chose que ce qu’elles regardent, insiste la réalisatrice. Ce comportement est compréhensible chez une enfant, mais la société ne peut accepter cela de la part d’une adulte. » La mère vit dans sa propre réalité. Elle peut se promener en robe de mariée ou mettre le feu à l’appartement à l’occasion d’une fête, perdant de plus en plus pied, jusqu’à sombrer. « Je me sens plus dans la peau de la fille que de la mère », reconnaît Noémie Lvovsky qui apporte pourtant un côté fascinant et décalé à son personnage d’irresponsable flamboyante et parfois dangereuse. La petite héroïne tire malgré tout son épingle du jeu face à cette génitrice écrasante qu’elle aime à la folie, tout en souffrant de ses failles. « Je vis avec ce sentiment que la mère est en même temps le premier grand amour et le premier grand chagrin d’amour », confie Noémie Lvovsky. Ce bonheur et cette tristesse habitent ce film sombre et solaire à la fois.