Un documentaire pour témoigner
Devenu paraplégique du jour au lendemain, Matthieu Firmin a filmé sa convalescence
Grand reporter pour le média Spicee, Matthieu Firmin était du genre à ne pas tenir en place. Mais un matin d’août 2014, le baroudeur se réveille dans son lit avec une forte douleur dans la poitrine, incapable de se servir de ses jambes. « Aux urgences, on m’a expliqué qu’il fallait m’opérer. Je pensais pouvoir aller travailler l’après-midi », se souvient-il. Les médecins vont vite calmer ses ardeurs. Matthieu Firmin vient de faire un AVC et un caillot de sang compresse sa moelle épinière.
« Mon documentaire est là pour briser les tabous autour du handicap. »
Matthieu Firmin, journaliste
A son réveil, il apprend qu’il est paralysé de la poitrine jusqu’aux pieds. Instinctivement, il commence à se filmer. « Les médicaments, les plateauxrepas… Sans le savoir, je commençais à tourner le documentaire sur ma convalescence. » Intitulé Lève-toi et
marche, ce film réalisé à hauteur d’homme est visible sur Spicee.com. On y croise d’autres personnes en situation de handicap, comme Brice ou Cédric, devenus les compagnons de galère du journaliste. « On parle de tout. Du pipi, du caca, de la sexualité… Tout ce qui rythme la vie de ces jeunes qui ne sortiront plus de leur fauteuil, à cause, dans leur cas, d’un accident de deux-roues. » La rééducation, ponctuée de petites victoires, prendra des mois. Elle se termine par une bonne nouvelle : le reporter réussit à marcher à nouveau. Pourtant, impossible pour lui de reprendre sa vie d’avant. « Je boite plus ou moins selon le froid et l’humidité. J’ai aussi d’autres séquelles. Ma vessie ne fonctionne plus. Du coup, je suis obligé de me sonder toutes les quatre heures. Sexuellement parlant, c’est compliqué aussi. » De lourdes complications. « Je n’ai aucun problème à parler de tout ça. Au contraire, mon documentaire est là pour briser les tabous autour du handicap », explique-t-il. Aujourd’hui, Matthieu Firmin s’est remis à travailler, même s’il a dû faire une croix sur les longs reportages de terrain. Il dit avoir appris une chose « vachement cliché, mais qui est vraie » : avec un peu de volonté, tout le monde peut déplacer des montagnes.