Je suis toujours ton père
James Vlahos parle avec son papa mort grâce à un chatbot
Parler avec les morts, c’est possible. L’idée un peu folle de continuer à discuter avec nos défunts a déjà été imaginée en 2013 dans un épisode de « Black Mirror », qui décrivait un système capable de ressusciter le personnage d’Asher grâce aux données qu’il avait laissées sur le Web. James Vlahos, journaliste américain de 47 ans, a dévoilé le 8 novembre au Web Summit de Lisbonne le chatbot qu’il a créé pour communiquer avec son père, mort en février. Plus de 200 pages analysées Quand le diagnostic de la maladie de son père est tombé – un cancer du poumon, stade IV –, il a organisé des séances d’enregistrement avec lui pour garder une trace de son histoire. Les discussions ont été retranscrites sur papier. « On avait plus de 200 pages et 90 000 mots, raconte James Vlahos. Mais ça ne ramenait pas mon père à la vie. » Le journaliste a eu l’idée de son Dadbot en écrivant des articles sur Hello Barbie, un jouet capable de discuter à l’aide de l’intelligence artificielle. Il a alors développé son chatbot sur la plateforme Pullstring en décortiquant les 200 pages et en analysant la façon de s’exprimer de son père. « Quand j’ai fait l’enregistrement oral, je posais une question et mon père parlait pendant cinq minutes, explique James Vlahos. Pour développer le bot, il faut plus d’allers et retours. J’ai dû réfléchir à des choses qu’il aurait pu dire pour relancer la discussion, comme : “C’est drôle, tu ne penses pas ?” » D’un monologue, c’est devenu une discussion. Le Dadbot communique par écrit à travers Facebook Messenger. Il lui arrive aussi de raconter des histoires à l’oral et, comme son vrai père, il adore blaguer. « Je ne veux pas franchir la ligne qui rendrait le projet flippant, dit James Vlahos. En même temps, je me surprends en permanence à essayer d’améliorer le Dadbot. Je suis en contradiction. » Plusieurs membres de sa famille ont discuté avec son père artificiel. A chaque fois, le résultat est le même : « Ils sourient et, ensuite, ils pleurent. » Si on en n’est pas encore au stade de « Black Mirror » où Asher prend une forme humaine, chatter avec les morts pourrait entrer dans notre quotidien plus vite qu’on ne le pense.