Les femmes ont porté le mouvement #MeToo sur le devant de la scène à Sundance
Le festival du film de Sundance, qui se clôt dimanche, a mis en valeur une parole libérée
Dans vingt ans, on ne se souviendra pas de cette édition du festival de Sundance, qui se clôt dimanche à Park City (Utah), pour ses films. Car 2018 restera l’année zéro post-Harvey Weinstein, dominée par la parole des femmes libérée grâce aux mouvements #MeToo et #TimesUp.
Sundance montre l’exemple
Sur toutes les lèvres, le même message, résumé par l’actrice Tessa Thompson : que cette vague de témoignages qui déferlent aille au-delà du simple moment et « provoque un changement systémique » à Hollywood et dans la société. Alors que le nombre de réalisatrices en compétition à Cannes se compte en général sur deux doigts, Sundance a montré l’exemple, avec plus d’un film sur trois sélectionnés (38 %) réalisé par une femme. On a vu des documentaires consacrés à l’avocate féministe Gloria Allred, à la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg ou à l’actrice Jane Fonda.
The Tale, dans lequel la réalisatrice Jennifer Fox examine ses souvenirs refoulés des abus sexuels qu’elle a subis à 13 ans, a reçu une standing ovation. Revenge, la fable vengeresse ultra-violente de la réalisatrice française Coralie Fargeat, dans laquelle Matilda Lutz chasse ses porcs, a été applaudi par les journalistes. Et même s’il a été réalisé par les frères Zellner,
Damsel émascule comme jamais le western avec l’actrice Mia Wasikowska qui n’a rien d’une demoiselle en détresse. Ces changements sont un début, mais ils ne vont pas assez loin. « On a eu assez de discussions, il faut passer à la politique », a plaidé lundi Tessa Thompson lors du brunch « Les femmes à Sundance ».
La résistance s’organise
Maggie, une jeune volontaire du festival, acquiesce, mais elle reste circonspecte : « C’est bien de voir Jennifer Lawrence revendiquer la parité salariale Il faut que le changement aille jusqu’en bas, pour tous les inconnus, les assistants et les scénaristes qui peinent à boucler leurs fins de mois. » La résistance s’organise. Depuis quelques jours, un document circule dans lequel des employés de l’industrie hollywoodienne partagent anonymement leur salaire, afin de pouvoir réaliser un état des lieux. Coralie Fargeat est confiante : « Il y aura un avant et un après. Malgré les inévitables soubresauts, on ne reviendra plus en arrière. »