Le mobile incertain du meurtre de l’octogénaire juive
Le mobile du meurtre de l’octogénaire juive Mireille Knoll est au coeur de l’enquête
E n partant, vendredi, sur un incendie d’immeuble au 60, rue Philippe-Auguste (Paris, 11e), les pompiers ne s’attendaient pas à retrouver, au milieu d’un appartement réduit en cendres, la dépouille d’une femme âgée étendue sur son lit, en partie calcinée. Ils n’apprendront que le lendemain que l’incendie servait en réalité à masquer une scène de crime. Mireille Knoll, 85 ans, de confession juive, vivait seule depuis le décès de son mari, rescapé du camp d’Auschwitz. Elle-même avait échappé de peu à la rafle du Vel’d’Hiv, en juillet 1942. L’autopsie a révélé qu’elle était décédée avant le sinistre. Une dizaine de traces de coups de couteau « plus ou moins profonds » ont été relevées sur son corps. Quant à l’incendie, son origine criminelle a été confirmée par deux départs de feu distincts, précise une source policière. Lundi, le parquet a ouvert une information judiciaire, notamment pour « assassinat en raison de l’appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion ».
Deux suspects en détention
Les premiers éléments ont permis, dès samedi, d’interpeller un voisin de la victime, né en 1989. « Un des fils de Mireille Knoll l’a croisé le matin même chez sa mère, explique l’avocat des deux enfants de la victime, Gilles-William Goldnadel. Ils étaient en train de discuter sans que cela suscite son inquiétude. Lorsqu’il les a quittés, il n’a relevé aucune animosité. » Les enquêteurs se sont aperçus que l’homme était connu de la justice dans une affaire liée à la victime. Le suspect a été condamné pour des faits d’agression sexuelle sur la fille mineure de l’aide à domicile de Mireille Knoll. Selon une source proche du dossier, il était sorti de prison en septembre. Un second homme de 21 ans, sans domicile fixe, et défavorablement connu des services de police pour des faits de droit commun, a été interpellé dans la nuit de dimanche à lundi, dans le quartier de la Bastille (11e). Présentés à un juge lundi soir, tous deux ont été mis en examen pour homicide volontaire à caractère antisémite, puis placés en détention provisoire. La piste d’un cambriolage ayant mal tourné n’a toutefois pas été écartée. Au cours de leur garde à vue, les deux hommes ont livré des versions contradictoires et se sont rejeté la responsabilité des coups mortels, indique une source proche de l’enquête. Ils pourraient avoir voulu profiter de l’état de santé de Mireille Knoll, handicapée et très affaiblie, pour la voler et ce, en dépit de son niveau de vie relativement modeste. Une marche blanche en sa mémoire partira ce mercredi à 18 h 30 de la place de Nation (12e).