Macron opte pour la télévision face à la contestation
Le président retrouve les caméras pour expliquer ses réformes
Changement de braquet pour Emmanuel Macron. Le président de la République rompt avec ses habitudes en choisissant de s’exprimer dans les médias. Ainsi, celui qui n’a donné depuis son élection que deux interviews à la télévision française s’exprimera sur TF1 jeudi (lire ci-dessous), puis sur BFMTV, RMC et Mediapart dimanche. Dans leur ton, leurs objectifs et leur mise en scène, ces deux interviews devraient être « totalement opposées, estime l’historien de la presse Alexis Lévrier. Il y a une volonté de contrôler sa communication et de montrer qu’il est capable de s’exposer à tous les publics. »
Au « 13 Heures » de TF1, régulièrement truffé de sujets sur la France des terroirs, le chef de l’Etat tentera de « renouer avec un public âgé, rural », chez qui sa popularité a baissé après la hausse de la CSG pour les retraités, estime Alexis Lévrier. En délocalisant l’émission dans un village, il « joue sur le décalage avec son image d’un président plutôt urbain, citadin, peu présent dans la ruralité ». Dimanche, il sera face cette fois à des intervieweurs « réputés pour mettre en difficulté les personnalités politiques, montrant ainsi qu’il est capable de répondre aux journalistes, après avoir donné l’impression de les fuir depuis son élection », note Alexis Lévrier.
Un risque de saturation ?
En instaurant « une arythmie de la parole présidentielle, Emmanuel Macron montre que c’est lui qui maîtrise les horloges et l’espace médiatique », rappelle le spécialiste des médias. Les interviews de jeudi et dimanche lui donneront l’occasion d’expliquer ses réformes face à la multiplication des foyers de mécontentement. Au premier rang desquels la grève à la SNCF contre le nouveau « pacte ferroviaire » du gouvernement et le blocage de plusieurs universités par des étudiants opposés à la réforme de l’accès à la fac. Par ailleurs, la popularité du président a baissé auprès des retraités et des Français les plus modestes. D’après un autre sondage, son parti La République en marche est désormais perçu comme un mouvement de droite par une majorité de Français.
Pour redresser la barre, tout le gouvernement est mobilisé : les ministres multiplient les interviews et le chef du gouvernement a annulé son déplacement au Mali samedi. Alors que l’exécutif manque de « poids lourds », c’est désormais à Emmanuel Macron de prendre la parole. Mais, « bien que tout le monde le pousse à parler, je ne suis pas sûr que ce qu’il dise soit audible », prévient Dominique Wolton, spécialiste en communication politique au CNRS, interrogé par l’AFP. Selon lui, le fait que le président multiplie les annonces de réformes depuis son élection, crée « un effet de saturation ».