A quand un vrai bouquet final ?
La défaite de l’OM face à l’Atlético de Madrid, mercredi, illustre les difficultés des clubs tricolores à franchir le dernier obstacle
C’est un constat qui concerne beaucoup plus l’OM que les autres, mais ce n’est pas une critique. Pour perdre une finale, il faut déjà en jouer une, et le foot français ne grouille pas de volontaires, en dehors de Marseille. Les gagner, c’est autre chose. En ajoutant la déroute olympienne de mercredi contre l’Atlético, cela fait douze défaites en finale sur quatorze tentatives pour les clubs tricolores. Pire, le dernier buteur d’un club français en finale de coupe d’Europe s’appelle Daniel Dutuel, avec Bordeaux en 1996.
«Jouer contre une montagne»
A chaque fois, un scénario qui se répète : le joueur majeur diminué (Giuly avec Monaco, Drogba avec l’OM, Payet contre l’Atlético), des suspendus (Zidane, Dugarry, Ravanelli) et ce même discours à l’arrivée : « La meilleure équipe a gagné, celle qui a le plus d’expérience, expliquait Rudi Garcia mercredi soir. Elle est rompue à ce genre de matchs. » Didier Deschamps jouait la même mélodie tristounette après la finale perdue par Monaco face à Porto, alors que son club venait de sortir le Real Madrid et Chelsea : « J’avais une équipe jeune, sans expérience. Ce qui les a paralysés, c’est davantage le contexte de disputer une finale, avec tout ce que cela comporte. Il y a une logique dans le résultat.» Contacté par 20 Minutes, Daniel Dutuel a sa petite explication : «Tu peux faire illusion dans la préparation du match, te dire que sur 90 minutes c’est faisable, mais une fois que t’es sur le terrain et que tu vois la différence, physique, tactique, technique, t’es gagné par l’impuissance. Comme l’impression de jouer contre une montagne. Pour gagner des finales, il faut avoir vécu le dernier carré plusieurs fois. Il faudrait que l’OM revienne en finale dans les deux, trois ans pour que cette expérience leur serve.» La rareté fait l’impuissance, évidemment. Jouer une finale tous les dix ans, c’est réapprendre à marcher à chaque fois. Mais il y a comme un frémissement. Deux demi-finalistes l’an passé (Monaco en C1, l’OL en C3), un finaliste cette saison. C’est une permanence au plus haut niveau qui s’installe discrètement.