« Il y a peu de formation à la rigueur »
A la suite de l’allocution d’Emmanuel Macron sur les banlieues ce mardi, Alain d’Iribarn, sociologue du travail et directeur de recherche au CNRS, revient sur la question de l’emploi.
Pourquoi la discrimination à l’emploi touche-t-elle autant les jeunes de banlieue ?
On vit dans une société où on demande à tout le monde des compétences sociales et comportementales. Or, si on regarde la socialisation à l’école, et particulièrement dans les établissements difficiles, il y a peu de formation à la rigueur, au respect des règles. Ce n’est donc pas seulement la faute des entreprises.
Que faudrait-il faire pour améliorer l’insertion de ces jeunes ?
La formation doit être focalisée sur l’acquisition de normes sociales. Quand ce n’est pas le cas, c’est un élément contre lequel viennent se heurter les jeunes de banlieue. Certains n’ont pas le comportement dit « adéquat » que recherchent les entreprises.
Emmanuel Macron appelle les grandes entreprises à prendre leurs responsabilités, est-ce la bonne solution ? C’est une bonne chose de vouloir « responsabiliser » les 120 plus grandes entreprises, mais cette mesure devrait aussi être valable pour n’importe quel type de formation, d’apprentissage ou de cursus scolaire. L’insertion et l’emploi des jeunes, ça ne doit pas être l’affaire de 120 entreprises, mais de toutes les entreprises. On doit créer une formation aux normes sociales du travail.