Une nouvelle paire d’EPR dans l’air
La filière nucléaire française envisage la construction dans l’Hexagone d’au moins deux autres réacteurs comme celui de Flamanville
Sept années de retard et un surcoût de 7,5 milliards d’euros. Les déboires de l’EPR de Flamanville (Manche) – qui devrait être mis en service début 2019 –, ne découragent pourtant pas la filière nucléaire française. Au moment où une nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est en cours d’élaboration, devant fixer la politique énergétique pour les dix années à venir, celle-ci envisage en effet de construire de nouveaux réacteurs du même type en France, au moins une paire à mettre en service à l’horizon 2030.
La Sfen (Société française d’énergie nucléaire) en fait la promesse : ces nouveaux chantiers seront moins laborieux que ceux entrepris à Flamanville, à Olkiluoto (Finlande), à Hinkley Point (Grande-Bretagne) ou à Taishan (Chine). Reste à convaincre le gouvernement. Dans cette optique, Valérie Faudon, déléguée générale de la Sfen, rappelle que l’objectif numéro 1 est « la neutralité carbone à l’horizon 2050 ». La Sfen demande aussi qu’on cesse d’opposer le nucléaire aux énergies renouvelables (ENR). « Ces dernières restent à ce jour des énergies intermittentes, commente Michel Berthélemy, membre de la section technique économie et stratégie énergétique de la Sfen. Le solaire ou l’éolien ne sont pas des énergies disponibles en permanence, et leur production varie en fonction des conditions climatiques. »
Le discours amuse Anne Bringault, en charge de la coordination transition énergétique au Cler (anciennement Comité de liaison pour les énergies renouvelables) et au Réseau action climat. « Il y a peu encore, le lobby du nucléaire ne voulait pas entendre parler des ENR, voilà maintenant qu’elle se pose en garant de leur essor… » Elle tombe tout de même d’accord sur un point : « Réduire la part du nucléaire en France ne permet pas de répondre à l’enjeu climatique de réduction de nos émissions de CO2. »
Alors, sur quelle énergie parier ? « Si le gouvernement valide la construction de nouveaux EPR sur son territoire, la France s’engage dans le nucléaire jusqu’à la fin de ce XXIe siècle », expose Yves Marignac, directeur du cabinet d’études Wise Paris. Nicolas Hulot en serait parfaitement conscient. « Nous n’avons jamais eu autant de liberté de choix depuis quarante ans, mais les choix qu’on va faire engagent au-delà de notre génération », lançait-il en janvier dernier. Fabrice Pouliquen
« Le solaire ou l’éolien ne sont pas des énergies disponibles en permanence. » Michel Berthélemy, membre de la SFEN