Passé l’audition d’Alexandre Benalla devant les sénateurs, le volet politique de l’affaire risque de s’essouffler
L’audition au Sénat de l’ex-proche de Macron a eu lieu mercredi
« La saison 2 de l’affaire Benalla est terminée ! » lâche, visiblement soulagé, un ténor LREM, mercredi, à l’issue de l’audition devant la commission des lois du Sénat d’Alexandre Benalla (lire ci-contre). Deux mois après les révélations du Monde sur cet ex-collaborateur d’Emmanuel Macron filmé en train de frapper des manifestants le 1er-Mai à Paris*, l’affaire va-t-elle vraiment s’essouffler?
Le président de la commission des lois, Philippe Bas, avait prévenu : les sénateurs se laisseront six mois pour entendre tout le monde. Or, en deux mois à peine, les élus ont d’ores et déjà auditionné 23 personnes. « On va continuer à entendre des personnes liées à l’événement, notamment au sein de la police et de la gendarmerie, avance Jean-Pierre Sueur, le corapporteur (PS) de la commission d’enquête. Ensuite, on entendra sûrement des professeurs de droit public et des spécialistes de la sécurité. » Un agenda superflu pour un sénateur proche d’Emmanuel Macron : « La commission sait tout ! Si elle veut continuer, elle est dans son droit, mais il faut qu’elle fournisse son rapport le plus rapidement possible. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura beaucoup moins de spectacle dans les semaines à venir. »
Bientôt face aux juges
Si, dorénavant, le volet politique risque d’être moins ardent, le volet judiciaire de l’affaire pourrait, à l’inverse, s’intensifier. Alexandre Benalla devrait notamment être entendu par les juges d’instruction la semaine prochaine, selon RTL. Très à l’aise face aux sénateurs, l’ancien chargé de mission auprès du chef de cabinet d’Emmanuel Macron a échappé à de nombreuses questions. La commission d’enquête n’a pas pu l’interroger sur les faits pour lesquels il est mis en examen. Les magistrats chargés de l’entendre auront, eux, toute latitude pour le faire. De nombreuses questions subsistent, contrairement à ce que prétendent certains élus de la majorité. Alexandre Benalla a ainsi dit n’avoir eu aucune fonction de sécurité, et avoir été recruté « sous le statut de chargé de mission ». Dans ce cas, pourquoi bénéficiait-il d’une autorisation de port d’arme (lire ci-contre) ? Quant au déroulé de l’enquête, un syndicat de police exige l’extension des investigations menées par les juges et pointe les anomalies. Le prologue d’une saison 3 de l’affaire Benalla? * Ces manifestants ont été pour la première fois entendus par les juges d’instruction en charge de l’enquête, mercredi.