La clé des sols incultes
Des fruits et des légumes poussent sur des terrains autrefois pollués
Et si la ville perdait du terrain au profit de l’agriculture en Ile-de-France? On ne parle pas ici de potagers sur les toits ou d’une champignonnière dans la cave d’un Monoprix, mais de culture de fraises ou de tomates sur des sols pollués ou incultes. «Aujourd’hui, avec de nouvelles formes d’agriculture, on a la capacité de reprendre des terrains en friche ou pollués», affirme Xavier Laureau. L’agriculteur et directeur des Fermes de Gally, à Saint-Cyr-l’Ecole, sait de quoi il parle. Avec trois autres entreprises, il a transformé une ancienne décharge de cette commune des Yvelines en une zone agricole de 3,5 ha. Une centaine de potagers à louer y trouvent place, ainsi qu’une activité agricole traditionnelle. Huit tonnes de fraises, 1,5 tonne de framboises et 1 tonne de tomates ainsi que des aubergines et des piments y sont produits. Le tout hors sol, car, précise Xavier Laureau, « on ne pouvait pas cultiver sur un terrain contenant de légères traces d’hydrocarbure », héritage des carcasses de voitures qui avaient été entreposées dessus.
Une « plante zéro pollution »
Plus au nord, sur la communauté de communes Seine-Aval, à Chantelouples-Vignes, des miscanthus (appelés aussi roseaux de Chine) ont été plantés sur une trentaine des trois cents hectares pollués aux métaux lourds. Leur intérêt ? « Ils ne dépolluent pas le sol, mais permettent une agriculture, explique Adèle Maistre, animatrice du programme leader Seine-Aval. C’est une plante qui s’installe sur quinze ans et qui n’a pas besoin d’engrais, de pesticide, de labourage, etc.» Ce n’est qu’après avoir été coupée que cette « plante zéro pollution » peut être valorisée, en énergie ou pour du paillage. Et d’autres débouchés sont envisagés, assure Bernard Courtin, délégué général de Biomis G3, une association qui fait le lien entre industriels, agriculteurs et territoires et qui gère l’élaboration des nouveaux produits à partir de la plante. Le miscanthus peut en effet être transformé en «parpaing de structure pour faire des murs» ou encore être utilisé par «Peugeot pour des pièces d’habitacle, de structure », voire pour «le packaging cosmétique». Xavier Laureau est confiant : « Il y a plein de lieux pollués ou incultes où on peut faire des choses.» Selon le dernier recensement de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee), cité dans l’exposition du Pavillon de l’Arsenal « Capital agricole », l’Ile-deFrance comptait, en 2011, 421 sites pollués appelant une action des pouvoirs publics et 35 432 sites inventoriés d’anciennes activités industrielles.