Des batteries lithium qui carburent plus vert
Ecologie Certains chercheurs nantais ont travaillé à la mise au point de matériaux issus de la biomasse
Présentes dans tous les appareils électroniques portatifs (smartphones, tablettes…), les batteries lithium-ion déferlent également dans le domaine des transports. Seulement voilà, ces accumulateurs très appréciés pour leurs performances électriques sont critiqués pour leur bilan environnemental. Le nickel et le cobalt nécessaires à leur fonctionnement sont en effet des métaux rares, difficilement recyclables et dont l’extraction cache parfois des catastrophes écologiques et humaines (travail d’enfants notamment). Conscients de l’enjeu, industriels et scientifiques réfléchissent à la mise au point de matériaux d’électrode « organiques », potentiellement issus de la biomasse. Naturellement abondants, faciles à recycler (ils peuvent être détruits par combustion), ces substituts n’étaient toutefois, jusqu’à présent, pas aussi performants que le procédé Li-ion du moment. Mais des chercheurs du CNRS basés dans les universités de Nantes et de Picardie viennent de trouver la formule pour obtenir des résultats comparables. Comment ? En ajoutant du magnésium.
« Complètement inattendu »
« On a remplacé 50% du lithium par du magnésium, explique le Nantais Philippe Poizot. Cela nous a permis d’élaborer une batterie organique affichant une tension de 2,5 volts. C’est un record. Un tel bénéfice était complètement inattendu. » Le magnésium est, de plus, un élément abondant dans la nature (donc peu cher) et non toxique. Cette découverte, publiée fin octobre dans Nature Communications, « ouvre des perspectives encourageantes pour les batteries, mais aussi pour la recherche fondamentale ». « Nos travaux ont reçu un accueil chaleureux lors des congrès internationaux, se réjouit Philippe Poizot. Les industriels avec qui nous collaborons sont également très intéressés. »