20 Minutes (Paris)

Mgr Barbarin nie toute dissimulat­ion d’actes pédophiles

L’archevêque de Lyon est jugé pour ne pas avoir dénoncé les actes pédophiles du père Preynat

- A Lyon, Caroline Girardon

«A l’époque, personne ne dit rien et ne me dit rien. Moi, je ne demande rien. » Un « défaut de curiosité » de la part du cardinal Barbarin qui interpelle le tribunal correction­nel de Lyon.

Depuis lundi, et jusqu’à mercredi, le primat des Gaules et cinq autres prévenus sont jugés pour ne pas avoir dénoncé auprès des autorités les agressions sexuelles commises par le père Bernard Preynat sur de jeunes scouts de la région lyonnaise entre 1986 et 1991. Alexandre Hezez, l’une des victimes du prêtre de 73 ans (mis en examen en 2016 et qui pourrait être jugé cette année), avait pourtant informé l’archevêque de Lyon des agissement­s de l’homme de foi en juillet 2014.

«Mon autorité, c’est Rome»

« Je n’ai jamais, au grand jamais, cherché à cacher ces faits horribles. Et encore moins à les couvrir, s’est défendu l’archevêque de 68 ans dans une déclaratio­n lue devant les juges. Qu’on parle d’une erreur d’appréciati­on, de jugement, discutons-en, mais couvrir de telles choses, non. » Des dénégation­s qui n’ont pas convaincu la présidente du tribunal, Brigitte Vernay, et ses assesseurs, désireux de comprendre pourquoi le père Preynat a été maintenu au contact d’enfants jusqu’en 2015, alors que le cardinal Barbarin avait été informé de «rumeurs» à son propos, selon ses propres mots, dès les années 2000. Il finira par le convoquer en 2010. « Quand je lui [au père Preynat] ai parlé, il a reconnu les faits et il a juré qu’il n’avait commis aucune agression depuis 1991. Tout le monde me reproche de l’avoir cru», argumente aujourd’hui le cardinal Barbarin. Et de raconter comment il a conseillé lui-même à Alexandre Hezez d’écrire une lettre, témoignage qu’il transmettr­a au Vatican, puis comment il a cherché d’autres anciens scouts abusés. « Les faits étaient prescrits. Je ne pensais pas que c’était à moi de saisir la justice. Cela ne m’est pas venu à l’esprit, plaide le cardinal. Mon autorité à moi, c’est Rome. » L’archevêque ajoute : « J’ai pris mes responsabi­lités dès que les consignes ont été dites clairement. »

« Au risque de vous ennuyer, n’est-ce pas le pape qui invite à la dénonciati­on à chaque fois que des faits de pédophilie sont connus ? » rebondit Brigitte Vernay. « J’ai fait confiance à mes prédécesse­urs », répond le prévenu, rappelant que le cardinal Decourtray avait suspendu le curé six mois, «une sanction sévère pour l’époque ».

«Mais à aucun moment vous n’avez eu conscience que vos prédécesse­urs avaient, eux aussi, gravement fauté ? » lance la présidente. « Ce que vous dites, ça vaut pour 100 personnes. Les parents aussi savaient, mais ils n’ont rien dit. On peut se demander d’où vient cette conspirati­on du silence », conclut Mgr Barbarin. Les débats doivent reprendre ce mardi à 9 h 30.

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 ??  ?? « Tout le monde me reproche d’avoir cru » le père Preynat, a déclaré le cardinal au premier jour de son procès, lundi.
« Tout le monde me reproche d’avoir cru » le père Preynat, a déclaré le cardinal au premier jour de son procès, lundi.

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