C’est pas la grande forme pour les riverains de la Santé
Une association dénonce les nuisances depuis la réouverture de la prison
«Nous n’avons rien à signaler. Ça se passe bien de ce côté», reconnaît un petit groupe qui fume une cigarette au pied d’un immeuble, rue de la Santé (Paris, 14e). Juste en face, sur un imposant mur en pierre, des lettres grises ornées d’un drapeau français s’affichent : « Centre pénitentiaire de Paris la Santé.»
Parloirs sauvages
Fermée quatre ans pour travaux, la célèbre prison parisienne, connue pour avoir hébergé Alfred Dreyfus, Jacques Mesrine, ou, plus récemment, Jérôme Kerviel, a rouvert ses portes il y a un mois. D’une capacité initiale de 808 places, dont 100 en semi-liberté, l’établissement pourrait atteindre rapidement un taux d’occupation de 150 %. Au-delà d’une éventuelle surpopulation, c’est l’existence même de la prison, en plein centre de la capitale, qui divise les riverains. Pas le petit groupe de fumeurs, mais Fabrice, par exemple, qui promène son chien dans le quartier. «Il aurait fallu au moins une consultation des habitants du quartier. La prison aurait été mieux à l’extérieur de la ville. En plus, les gens dans les cellules voient dans les appartements des gens. Ce n’est agréable pour personne.» Présidente de l’association Riverains de la Santé, Anne-Laure Peugeot déplore que «la surveillance du quartier ne soit pas la même qu’avant les travaux ». Ce qui, à ses yeux, se traduit par «une ambiance tendue». Principalement rue Messier, située sur le côté ouest de la prison, qui est consacré au quartier des semi-libertés. « Les prisonniers se retrouvent dans la rue entre 18 h et 20 h, ils interpellent les gens», peste cette femme qui a réclamé une ronde de police autour de l’établissement. Informée, la direction de la prison doit faire une demande en ce sens. L’association dénonce aussi les parloirs sauvages, de plus en plus nombreux, ainsi que les discussions entre les détenus, de fenêtre à fenêtre.
Certes, des aménagements ont été réalisés : une bâche a été installée sur la grille de l’école maternelle (côté sud, rue Jean-Dolent) et les grands spots qui éclairent la prison la nuit ont été remplacés par des néons. Il n’empêche, l’association prévoit une assemblée générale samedi pour « obtenir davantage d’avancées ».