Les économistes moins optimistes
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a réaffirmé que l’objectif de 7 % de chômage en 2022 était atteignable
Au début du quinquennat, l’objectif paraissait lointain. Aujourd’hui, voir le chômage baisser à 7% d’ici à 2022 devient « franchement atteignable », selon Muriel Pénicaud. La ministre du Travail n’a pas caché son optimisme, jeudi, lors de la publication des derniers chiffres de l’Insee. Selon l’institut, le taux de chômage de la population active a reculé de 0,4 point au dernier trimestre 2019, pour s’établir à 8,1%. Un record depuis 2008. Cet objectif n’est «pas absurde», a estimé Daniel Cohen sur LCI jeudi. La baisse étant en moyenne de « 0,1 point par trimestre, donc de 0,4 par an », « si ça continue à ce rythme, on sera autour du 7 [ou] 7,5%», a expliqué le directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure. Autre élément qui incite à la confiance : en 2019, 260000 emplois ont été créés, selon l’Insee, contre 225000 en 2018. Dans 22 départements, le taux de chômage est déjà égal ou inférieur à 7 %.
Pour autant, les instituts économiques se montrent plus prudents que la ministre. Dans ses prévisions publiées en décembre, l’Unédic anticipe que 7,9 % de la population active serait encore à la recherche d’un emploi en 2022. La Banque de France, elle aussi, prévoit que le taux passerait « en dessous de 8 % fin 2022 ». Dans ses perspectives économiques publiées en octobre, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) anticipait, là encore, une baisse à 8% du chômage. Mais plus tôt : d’ici à la fin 2021. Ces instituts s’attendent en effet à un affaiblissement de la dynamique actuelle. « Les créations nettes d’emplois devraient se réduire progressivement (…) à environ 150 000 en 2020, avant de se stabiliser autour de 80 000 par an en 2021 et 2022 », prévoit la Banque de France dans ses projections publiées en décembre. Les créations d’emploi devraient se réduire notamment car la croissance économique n’est pas assez élevée. «Avec une croissance de 1,2 % par an, le taux de chômage continuera de baisser, ce qui est le plus important. Mais probablement pas de 0,4 point par an. Arriver à 7 % en 2022 est un défi très difficile », juge Gilbert Cette, enseignant-chercheur à Aix-Marseille Université.
«Il faut rester prudent»
La pente est d’autant plus raide que des aléas peuvent venir bouleverser les plans du gouvernement. « Au quatrième trimestre 2019, on a eu une baisse du PIB de 0,1%, alors que l’Insee prévoyait 0,3% de croissance, poursuit Gilbert Cette. Il faut donc rester très prudent. » Au niveau mondial, plusieurs événements inquiètent les économistes : le ralentissement continu de la croissance chinoise, qui pourrait s’aggraver avec l’épidémie du coronavirus, ou encore le Brexit. Or, estime par exemple l’OFCE, « une rupture des accords commerciaux avec le Royaume-Uni pourrait amputer le PIB de la France de 0,2 point dès 2020».