Une inquiétante baisse des signalements de violences
Dans le 93, la chaîne d’alerte pendant le confinement a été altérée
A la mi-avril, alors que la France achève juste son premier mois de confinement, le gouvernement s’inquiète d’une hausse inédite des appels au numéro d’urgence de la protection de l’enfance (le 119) : +90% par rapport à la même semaine de 2019. Cet indicateur, basé sur du déclaratif, est-il le reflet d’une augmentation du nombre d’enfants maltraités dans le huis clos du confinement? «On se prépare à cette éventualité, mais, pour l’heure, nous n’avons aucune certitude », reconnaît Flora Flamarion, directrice générale adjointe en charge de l’enfance en Seine-Saint-Denis. Dans ce département, 8500 mineurs sont suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), dont un peu moins de 6000 sont placés. Les autres font l’objet, depuis chez eux, d’un suivi socioéducatif. Mais ce ne sont pas tant les familles connues que celles passées sous les radars qui inquiètent les professionnels. «On ne parle pas uniquement de violences, insiste la directrice adjointe. La plupart des dossiers que nous traitons sont relatifs à de la négligence ou des carences éducatives. »
En Seine-Saint-Denis, malgré les appels au 119, le nombre d’informations préoccupantes a chuté pendant le confinement. De 350 en moyenne par mois, elles sont passées à 130 au total pour mars et avril. Le parquet de Bobigny dresse un constat similaire : les signalements, et donc les enquêtes pour des faits de maltraitance, ont fortement baissé. Ainsi pendant le confinement, seuls 70 mineurs ont été confiés à l’ASE, moitié moins que d’ordinaire.
L’enjeu de la reprise de l’école
Cette baisse s’explique notamment par l’altération de la chaîne d’alerte : l’Education nationale est à l’origine de la grande majorité des signalements. Certains professeurs ont fait part de leurs inquiétudes pour des élèves, les PMI sont restées ouvertes, mais la vigilance n’est pas comparable à celle déployée lorsque tous les acteurs sont sur le terrain. Dans ce contexte, la reprise de l’école est un enjeu majeur. Mais, en Seine-Saint-Denis, comme ailleurs, les classes ne rouvrent qu’au compte-gouttes et certaines villes, à l’instar de Bobigny, ne rouvriront pas les écoles maternelles et les crèches avant septembre.