L’engouement pour le patrimoine incarné par «Elephant Man»
« Cette semaine, des ressorties comme De Gaulle et La Bonne Epouse ont fait le job », raconte Renaud Florent Benoist, directeur du Colisée à Saint-Galmier (Loire). Sylvie Jaillet, au Ciné Festival à Ambérieu-en-Bugey (Ain), est également enchantée : « Nous avons réuni 150 spectateurs pour Bohemian Rhapsody. Les gens sortaient avec le sourire en disant que le voir en salles était mieux que le DVD. » Elle est plus réservée pour l’avenir : « Dans ma salle, nous vivons l’été avec les gros films américains, et leur déprogrammation me fait craindre une baisse de fréquentation ! » « Perdre Tenet et Mulan est une catastrophe, confirme Arnaud
Vialle, exploitant à Sarlat [Dordogne]. Je ne vois pas ce qui pourrait remplacer le manque à gagner provoqué par l’absence de ces deux films très attendus. Je crains que les choses ne reprennent pas vraiment avant l’automne. Il va falloir tenir jusque-là, car ouvrir nos salles coûte cher. » Richard Patry, le patron des exploitants, espère malgré tout que cet état de fait « ouvre une porte au cinéma français ». Grâce à des comédies comme Tout simplement noir, de Jean-Pascal Zadi et John Wax, ou Divorce Club, de Michaël Youn, qu’il cite comme possibles locomotives.
Il a beau répéter : «Je ne suis pas un éléphant, je suis un être humain», c’est bien son aspect physique qui attire l’attention, mais aussi l’empathie qu’on peut ressentir vis-à-vis du destin hors norme de John Merrick, plus connu sous le nom d’Elephant Man. Avec près de 10000 entrées enregistrées en une semaine, le film de David Lynch, qui fête ses 40 ans, verra son nombre de salles passer d’une soixantaine dans l’Hexagone à presque cent dès ce mercredi.
Un chiffre impressionnant pour une reprise. « Quitte à retourner au cinéma, autant marquer le coup avec un chefd’oeuvre», lance Damien, en sortant de l’UGC Normandie à Paris. Un film mi-réaliste, mi-fantastique, qui retrouve son aspect métallique grâce à sa restauration en 4K. «Avant d’être un film du patrimoine, c’est un film d’auteur accessible, explique Vincent Paul-Boncourt, le patron
« Un film emblématique des années 1980.» Vincent Paul-Boncourt, patron de Carlotta
de Carlotta, qui distribue le film en salles. C’est aussi un film emblématique des années 1980, que les anciens veulent faire découvrir aux jeunes. » «Cet engouement pour les films du répertoire n’est pas une surprise, se réjouit Sophie Seydoux, présidente de la Fondation Pathé-Jérôme Seydoux. La période de confinement a amplifié la demande. »