20 Minutes (Paris)

Le 93 pleure sur son sport

Plusieurs responsabl­es politiques de Seine-Saint-Denis craignent que le départemen­t soit «la variable d’ajustement du projet»

- Julien Laloye

Un coup de pression. Quelques jours après avoir recraché leur café en lisant L’Equipe, les élus de Seine-Saint-Denis ont organisé leur contre-offensive médiatique jeudi, à côté du Stade de France, pour peser dans le débat, et alors que le Comité d’organisati­on des JO 2024 (Cojo) doit se réunir dans les jours qui viennent pour trancher dans le vif. Rattrapé par la crise sanitaire et la chute anticipée des recettes de sponsoring, Paris 2024 cherche à sabrer dans les dépenses : 10% de budget en moins, soit 400 millions à trouver. La Seine-Saint-Denis devrait trinquer plus que les autres, alors que c’est en vendant la transforma­tion accélérée de ce territoire populaire grâce aux Jeux olympiques que Paris a en partie obtenu le pompon face à Los Angeles. «Ça fait plusieurs mois qu’on nous joue cette petite musique désagréabl­e des économies à réaliser en Seine Saint-Denis, s’époumone Stéphane Troussel, président du conseil départemen­tal. On comprend bien le contexte, mais notre départemen­t ne doit pas être un alibi au moment de la candidatur­e pour devenir la variable d’ajustement du projet ensuite. »

Une crainte domine les autres. Celle de voir les épreuves de natation déménager dans les Hauts-de-Seine (à l’Arena de Nanterre), pour se passer du bassin démontable chiffré à 200 millions d’euros. «Ce n’est pas une petite affaire que de perdre la natation, déplore Mathieu Hanotin, le maire de Saint-Denis. Quoi de mieux que d’avoir les épreuves les plus prestigieu­ses ici pour attirer les investisse­urs ? On nous parle d’escalade en échange, mais l’attractivi­té n’est pas la même. Ce n’est pas le premier mouvement de revoyure qu’il y a eu. On n’est pas contents.» L’élu socialiste fait référence aux concession­s opérées en 2018 avec la perte, entre autres, du badminton, et la révision à la baisse des ambitions pour le «cluster des médias» au Bourget, qui risque aussi de perdre le volley, pressenti pour atterrir… à Lille. En effet, les lignes 16 et 17 du métro, qui doivent relier Paris au Bourget, ne seront pas terminées à temps. Une perspectiv­e qui agace Stéphane Troussel, qui en appelle au Premier ministre, Jean Castex : « Le gouverneme­nt vient d’annoncer un plan de relance de 100 milliards d’euros, il me semble qu’il y a là des possibilit­és pour accompagne­r la transforma­tion de la Seine-Saint-Denis.» Sollicité par L’Equipe, le Cojo maintient que le 93 restera « le territoire qui accueille le symbole de l’universali­sme des Jeux, le village olympique, et le premier sport, l’athlétisme, pour 985 millions d’euros sur le 1,3 milliard investi par l’Etat via la Solideo.»

«Ce n’est pas une petite affaire que de perdre la natation. » Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis

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La ministre des Sports, Roxana Maracinean­u, à Saint-Ouen en novembre.

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