Une si classique révolutionnaire
Après deux ans de travaux, le musée de la Mode de la Ville de Paris consacre une exposition à l’icône Gabrielle Chanel
Quoi de mieux que Chanel pour la réouverture du musée de la Mode de la Ville de Paris ? Après deux ans de travaux (financés en grande partie par la maison Chanel), le Palais Galliera a rouvert ses portes jeudi avec une exposition consacrée à la créatrice française. Jusqu’au 14 mars, « Gabrielle Chanel, manifeste de mode» présentera plus de 350 pièces sur une surface de près de 1 500 m², dont les étonnantes nouvelles galeries en rez-de-jardin.
Une exposition où les robes du soir, les fameux tailleurs et le célèbre sac 2.55 sont présentés dans de véritables écrins, sublimant le chic légendaire de Gabi. Une élégance certaine, un classique de la mode. Et un peu plan-plan, non ? On ne va pas se mentir, à nos yeux du XXIe siècle, qui ont depuis connu Alexander McQueen ou Iris Van Herpen, Chanel a un petit côté vieille France. Et pourtant, pendant plusieurs décennies, Coco a représenté une révolution notable dans le vestiaire féminin, et c’est le parti pris de cette exposition. La créatrice s’est attachée à libérer le corps de la femme, en imaginant des coupes plus souples et des matières plus fluides. « Elle arrive avec cette conception radicalement différente de l’élégance féminine, portée par des notions de confort, de liberté de mouvement, de naturel, très nouveau pour l’époque», explique à
20 Minutes la co-commissaire d’exposition Véronique Belloir.
En 1954, toujours dans une idée de confort et de liberté, Coco Chanel crée ce qui deviendra sa pièce iconique : le tailleur, cet ensemble deux pièces (qui n’est pas sans rappeler le costume masculin) simple, dépouillé, dans le respect de l’anatomie féminine. « Ce n’est pas du tout accepté, on ne comprend pas très bien ce qu’elle souhaite mettre en place avec ce fameux tailleur», poursuit Véronique Belloir. Le succès suivra toutefois, et c’est ainsi qu’en 1957 le quotidien américain Women’s Wear Daily décrète : « Nous devons à la grande Gabrielle Chanel la chanélisation de la mode.» «Dès le début, la presse associe à son travail des notions comme la jeunesse, la fluidité, la simplicité, la désinvolture, le tout souvent accompagné de superlatifs », note la co-commissaire d’exposition.
Au-delà du fait d’avoir bouleversé les codes de son époque, Chanel a réussi à inscrire son style dans la durée. Celui-ci a toujours une belle place sur les podiums et inspire encore ses héritiers. Son chic et sa simplicité séduisent autant Kristen Stewart, égérie de la griffe, que Bernadette Chirac, qui fut un temps au premier rang des défilés.
« Les notions de confort, de liberté de mouvement, c’est très nouveau pour l’époque. » Véronique Belloir, co-commissaire de l’exposition