20 Minutes (Paris)

«Ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi»

Jugé pour assassinat et tentative d’assassinat à Villejuif, Sid Ahmed Ghlam a retracé son parcours à son procès

- Thibaut Chevillard

Sur le banc des parties civiles, mardi, Jean-Luc Châtelain a du mal à contenir son émotion. Sa fille, Aurélie, aurait fêté ce jour-là ses 38 ans. Le poing serré, il fixe l’homme qui se trouve dans le box des accusés, notamment jugé pour l’assassinat de cette mère d’une fillette de 4 ans, en 2015, à Villejuif (Val-de-Marne). Sid Ahmed Ghlam, 29 ans, répond laborieuse­ment aux questions de la présidente de la cour d’assises spéciale, Xavière Simeoni. La magistrate tente de cerner le parcours de cet homme qui voulait commettre un attentat au nom de Daesh dans une église, mais qui nie avoir tué la professeur­e de fitness. Sid Ahmed Ghlam a grandi en Algérie, avec ses frères et soeurs, dans une famille musulmane « par tradition, par culture». Il n’avait que 10 ans quand ses parents ont quitté le Maghreb pour s’installer en France du côté de SaintDizie­r (Haute-Marne).

Après l’évocation de ses études, interrompu­es car «incompatib­les» avec sa pratique de la religion, Sid Ahmed Ghlam raconte ses vacances en Algérie, à l’été 2014. C’est de l’autre côté de la Méditerran­ée qu’il est «embrigadé» par des personnes rencontrée­s par l’intermédia­ire d’un ami d’enfance. Quelques mois plus tard, en octobre, il part en Turquie avec l’espoir de réussir à rejoindre la Syrie pour «combattre». Mais ses interlocut­eurs ont un autre projet pour lui. «Ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi en France», explique-t-il. Avant d’ajouter : «Ils m’ont fait croire que les terroriste­s, c’était les autres.»

«Mourir en martyr»

En février 2015, Sid Ahmed Ghlam repart en Turquie. Ses commandita­ires lui ont remis environ 5000 € ou 6000 € afin d’acheter du matériel. De retour en France, il hésite à passer «de la théorie à la pratique ». Il savait à l’époque qu’il pouvait «mourir en martyr» au cours de cette opération : «Je l’ai accepté.» Aujourd’hui, il affirme être déradicali­sé et ne plus adhérer à l’idéologie de Daesh. Le procès doit durer jusqu’au 6 novembre.

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L’homme de 29 ans comparaît devant la cour d’assises spéciale, à Paris.

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